Sur la défense, Casino s'engage déjà sur ses résultats pour 2016
Attaqué en Bourse par un fonds américain spéculant sur la baisse du cours, Casino a dévoilé avant l'heure ses ambitions de résultats pour 2016, qui seront plus élevées qu'en 2014. Le groupe ne dit pas encore grand-chose, en revanche, pour 2015.
L'analyse au vitriol de Muddy Waters publiée le 17 décembre (valorisant l'action Casino à seulement… 7 euros) a fait plonger le cours du titre de près de 12% en une demi-journée, pour atterrir à 43 euros.
Tout en assumant spéculer sur la baisse du titre (il avait pris les jours précédents des positions courtes à hauteur de 0,92% du capital de Casino), l'Américain reprochait au Stéphanois de mauvais ratios financiers et une présentation comptable ne traduisant pas le véritable niveau d'endettement du groupe.
Aussitôt après la publication du rapport à charge, le titre Casino a chuté de 20%, passant brièvement sous les 40 euros. Ce jour-là, Muddy Waters a "soldé" un tiers de ses positions sur Casino, réalisant donc une jolie plus-value.
Fébrilité des investisseurs
Si la ficelle est un peu grosse (le distributeur français a saisi l'Autorité des marchés financiers), le vent de panique suscité par le rapport révèle toutefois un inquiétant niveau de fébrilité de la part des investisseurs sur le titre Casino.
Ayant un besoin urgent de rassurer la Bourse, le groupe de Jean-Charles Naouri a donc pris une initiative inhabituelle en dévoilant, dès ce 21 décembre, les (bons) résultats qu'il prévoit de tirer de ses activités françaises l'an prochain.
Casino s'appuie sur la reprise des ventes déjà engagée, ainsi que sur les gains à l'achat obtenus par ses alliances avec Intermarché et Dia, pour anticiper "une tendance claire à l’amélioration des marges à compter de 2016" dans l'Hexagone.
Pour ses activités françaises, Casino s’attend à générer l'an prochain un Ebitda (résultat avant frais financiers, impôts, dépréciations et amortissements) d’environ 900 millions d'euros et un résultat opérationnel courant (après amortissements) supérieur à 500 millions d'euros.
À titre de comparaison, en 2014, ces deux ratios étaient respectivement de 835 et 396 millions d'euros. Les chiffres attendus pour 2015, eux, sont moins bons.
"Fort rebond de la rentabilité"
Certes, après avoir fortement dégradé les marges, le positionnement prix agressif de Géant Casino et de Leader Price se traduit enfin par des hausses de volumes et des gains de parts de marché. Ce qui amène, selon le groupe, "un fort rebond de la rentabilité au second semestre 2015" et "un Ebitda significativement supérieur" à celui du second semestre 2014 en France.
Mais au premier semestre de cette année, les marges de Casino avaient été mises à mal dans l'Hexagone : 146 millions d'euros seulement d'Ebitda (- 55%) et un ROC dans le rouge (53 millions d'euros de pertes).
Dans son analyse, Muddy Waters s'appuyait notamment sur ces derniers ratios publiés. Or, estime le distributeur, "fin juin 2015 constituait pour les opérations françaises un point bas de rentabilité en raison des investissements prix réalisés". Les chiffres d'alors "ne reflètent ni la situation financière actuelle du Groupe, ni le redressement en cours de la rentabilité en France", conclut Casino, qui conteste également la façon dont Muddy Waters calcule l'endettement du groupe.
A la mi-journée, la Bourse n'avait toujours pas réagi à la publication par Casino de ces nouvelles pourtant rassurantes. Le titre continuait de s'échanger entre 43 et 44 euros.