Vent de panique sur l'action Casino
La violente charge d'un investisseur américain contre Casino, ce 17 décembre, a déclenché un vent de panique.
Le cours de l'action s'est effondré de près de 12% en quelques heures, descendant même ponctuellement sous les 40 euros. Le distributeur a saisi l'Autorité des Marchés Financiers (AMF).
Carson Block, à la tête du fonds spéculatif Muddy Waters, s'est attaqué à Casino alors que celui-ci venait tout juste de relancer son cours de Bourse, après l'annonce d'un plan de cession d'actifs de deux milliards d'euros qui lui permettra d'alléger son endettement.
L'action Casino avait bondi de plus de 6% le 16 décembre et se valorisait au-dessus des 50 euros ce matin. Une remontée appréciable, après la descente aux enfers de ces derniers mois (la capitalisation boursière du groupe a fondu de moitié entre avril et décembre 2015).
Mais la note de Muddy Waters, publiée en milieu de journée le 17 décembre, a fait l'effet d'une bombe.
Comptabilité opaque
Dans une analyse à charge et sans nuances, l'investisseur estime que Casino dissimule de mauvaises performances derrière une comptabilité opaque, qui "ne fait pas la distinction entre ce que Casino possède et ce qu’il doit". Dans leur note, les analystes de Muddy Waters valorisent le titre à moins de… 7 euros.
La ficelle peut paraître grosse, quand on sait que Carson Block est notamment connu pour cibler des sociétés qu'il juge fragiles et spéculer sur leur baisse. Les 15 et 16 décembre, Muddy Waters a d'ailleurs pris des positions courtes à hauteur de 0,92% du capital de Casino, selon des déclarations déposées auprès de l'AMF.
Que les investisseurs aient donné du crédit aux analyses de Muddy Waters ou qu'ils aient simplement été refroidis par le statut de "proie" que prenait ainsi Casino, ils ont en tout cas vendu en masse le titre. Les volumes de transaction de la journée sont sans commune mesure avec ceux des mois précédents.
Au plus fort de la panique aujourd'hui, le titre a coté 39 euros, soit 20% de baisse en à peine plus de deux heures ! Casino a réagi dans l'après-midi en annonçant, dans un communiqué, avoir saisi l’Autorité des Marchés Financiers.
Le distributeur dénonce "un rapport à charge qui comporte des allégations grossièrement erronées" et se réserve la possibilité de "faire valoir ses droits devant les tribunaux, y compris devant les juridictions pénales".
Le titre s'est ensuite un peu repris, pour s'échanger autour de 43 euros à 17 heures.
Casino peut-il faire l'objet d'une OPA ?
Un groupe coté qui perd la moitié de sa valeur boursière en quelques mois attire logiquement les convoitises. Mais Casino ne peut pas faire l'objet d'une OPA hostile.
Selon la dernière déclaration déposée en septembre auprès de l'AMF, Rallye, holding de Jean-Charles Naouri, détient 50,1% du capital et 61,7% des droits de vote de Casino.