Harcèlement au travail : la justice ouvre une enquête contre Lidl en Bretagne
Accusée de discrimination syndicale, l’équipe dirigeante de la centrale bretonne basé à Ploumagoar (22) a été entendue hier par la gendarmerie. Les neuf personnes incriminées réfutent les faits reprochés, que Lidl France considère graves et contraires à la politique RH de l’entreprise. Cette affaire délicate ternit toutefois son image de Top Employer.
Le mardi 16 février en début de matinée, la centrale régionale de Lidl basée à Ploumagoar dans les Côtes-d’Armor a reçu la visite surprise de 25 gendarmes. Les forces de l’ordre ont perquisitionné les bureaux suite à une commission rogatoire établie par un juge d’instruction. Le parquet de Saint-Brieuc a en effet ouvert une information judiciaire à l’issue de plusieurs dépôts de plaintes.
A la suite de la perquisition, l’intégralité de l’équipe encadrante a été placée en garde à vue pour motif de discrimination syndicale. « Les neuf salariés Lidl entendus ne reconnaissent pas les faits qui leur sont reprochés et ont pleinement coopéré avec les enquêteurs, indique Lidl interrogé par Linéaires. Les gardes-à-vue ont d’ailleurs été levées dans la journée. » Le distributeur en profite pour réagir à ces accusations. « Les accusations évoquées dans cette enquête sont graves et ne correspondent absolument pas à la politique de l’entreprise ni aux actions menées quotidiennement pour recruter, former et accompagner le développement de nos 40 000 salariés en France », se défend Lidl.
Débrayages en mai 2018
Pour autant, la situation sociale est tendue depuis de nombreuses années chez Lidl en Bretagne. En mai 2018, les salariés de la plateforme avaient notamment débrayé se plaignant des conditions de travail. Depuis, le climat s’est dégradé selon les organisations syndicales. Certains représentants ont d’ailleurs porté plainte en juillet 2020 avant que d’autres employés montent au créneau. « Face à l’accumulation de plaintes, j’ai saisi un juge d’instruction afin de pouvoir mener toutes les investigations nécessaires », a expliqué Bertrand Leclerc, procureur de la République de Saint-Brieuc dans le quotidien Ouest France.
Cette affaire de harcèlement ternit l’image du distributeur sur le plan des ressources humaines d’autant qu’il ne traîne pas une excellente réputation dans ce domaine. Toujours dans la chronique judiciaire, Lidl a été condamné en juillet 2018 pour faute inexcusable après le suicide d’un de ses salariés trois ans plus tôt, Yannick Sansonetti, sur son lieu de travail dans un entrepôt des Bouches-du-Rhône.
Top Employer en 2020 et 2019
Lidl ne reste toutefois pas inactif sur le terrain des RH, menant une politique volontariste pour améliorer son image et attirer de nouvelles forces vives, via notamment son site emplois.lidl.fr. Le distributeur a même communiqué l'an dernier sur la revalorisation des salaires de + 2 % et la mise en place de la prime pour le pouvoir d’achat de 400 €.
L’enseigne a été certifiée Top Employer en 2020 et 2019, mais l’épisode breton démontre qu’il y a encore une marge de progrès en termes de management sur le terrain.