Casino rejoint Auchan et U aux achats
L'association entre Intermarché et Casino prend fin. Le Stéphanois rejoint Auchan et Système U dans un projet de partenariat aux achats en France et à l'international.
Avec les alliances déjà en place d'Auchan, les promoteurs du nouvel ensemble se voient déjà comme le deuxième acheteur mondial.
Auchan Retail et Casino annoncent ce 3 avril la tenue de négociations avancées devant leur permettre de réaliser ensemble les achats auprès des grands industriels, alimentaires et non alimentaires.
Les produits frais traditionnels, les marques de PME ou même d'entreprises de taille intermédiaire ne sont pas concernés par le périmètre de ce nouvel accord.
Casino quitte ainsi Intermarché, avec lequel il était associé aux achats à l'échelle de la France, pour rejoindre une alliance d'envergure cette fois internationale.
150 milliards de chiffre d'affaires
En négociant avec Auchan, Casino cherche à se rapprocher non seulement de Système U et Schiever, mais aussi de Metro, tous déjà partenaires du distributeur nordiste. Des partenaires qu'il faudra encore, officiellement, convaincre d'accueillir le distributeur stéphanois dans l'association.
Sur le papier, Auchan, U, Metro et Casino réunis pèsent plus de 150 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Ce qui en ferait "le numéro un français des achats et le numéro deux mondial derrière Walmart", s'enflamme sur Twitter Dominique Schelcher, vice-président de Système U et visiblement déjà emballé par l'arrivée de Casino.
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Système U a confirmé, dans la journée du 3 avril, s'associer aux négociations menées avec Casino. Le groupe coopératif y voit "la possibilité de fonder une nouvelle génération d'alliance".
Le deal, de fait, va rebattre les cartes du paysage des centrales d'achats. Selon toute logique, Casino n’adhérera plus à EMD (Markant, Euromadi, ESD Italia, etc.), qui cédera son rang de première centrale d'achats européenne. Un coup dur pour EMD, déjà victime du départ du Britannique Asda fin 2017.
L'annonce de ce jour ne dit rien sur le partenariat existant entre Casino et Dia. Depuis 2015, le Français et l'Espagnol négocient de concert leurs achats de MDD et facturent divers services aux industriels.
On ne sait pas encore, non plus, ce qu'il adviendra des accords respectifs d'Auchan avec Boulanger et de Casino avec Conforama, portant sur les achats de produits électroménagers et électroniques. Des alliances concurrentielles, nouées presque en même temps en 2016.
Intermarché pris au dépourvu ?
Intermarché, de son côté, perd son partenaire en France et le coup d'après n'était visiblement pas prévu. Dans un communiqué laconique, l'enseigne dit vouloir "redéfinir ses objectifs en termes de stratégie d'achat".
La séparation avec Casino est présentée comme le résultat d'un "commun accord". Elle est tout sauf une surprise, tellement les deux distributeurs ont des modes de fonctionnement différents. Leur alliance, en 2014, avait été précipitée par celle d'Auchan et Système U et ressemblait depuis le début à une association par défaut.
En attendant, les Mousquetaires ne pourront plus guère s'appuyer que sur la centrale européenne Alidis avec Edeka, Coop Suisse, Conad, Colruyt et Eroski. Ils sont également adhérents d'Arena, une autre centrale européenne regroupant cette fois des acteurs du bricolage.
Au Portugal, enfin, Intermarché s'est aussi allié à... Dia en 2015 pour les négociations sur le marché national.
Les alliances variables de Casino en France
| Partenaire | Via la structure | Dates |
| Cora | Opéra | 1999-2002 |
| Auchan | IRTS | 2002-2006 |
| Intermarché | Inca Achats | 2014-2018 |
| Conforama | Mano | depuis 2016 |
| Auchan | à partir de 2018 |
La coopération entre Casino et Cora, dans la centrale d'achats Opéra, s'est terminée par une grosse fâcherie. L'alliance a brutalement pris fin le jour où Jean-Charles Naouri, PDG de Casino, s'est positionné pour reprendre les 42% du capital de GMB (holding de Cora et S. Match) que détenait à l'époque Carrefour et que souhaitait récupérer la famille Bouriez, majoritaire.
Le distributeur stéphanois a perdu son partenaire et, en 2006, les Bouriez ont fini par remettre la main sur les actions que la famille avait laissé filer à l'extérieur du clan.
Casino et Auchan, ensuite, ont appris à travailler ensemble dans ce qui n'était pas encore une centrale d'achats. De 2002 à 2006, ils ont facturé de concert aux industriels, via International Retail and Trade Services (IRTS), des prestations diverses comme l'organisation de lancements ou de promotions à l'échelle internationale.
En 2014, la course à la taille critique a rapproché Casino et Intermarché, qui ont durant quatre ans négocié ensemble en France avec les grands groupes industriels.
En annonçant leur nouvelle alliance en 2018, Casino et Auchan ont insisté sur leur "culture commune" en matière de relations avec les fournisseurs et leur souhait de constituer "un ensemble respectueux de l'intérêt de tous, consommateurs, agriculteurs et industriels". Bref, les commentaires convenus habituels, indispensables au sortir des états généraux de l'alimentation.
En 2017, l’État français avait assigné Inca, Intermarché et Casino en justice pour des exigences considérées comme abusives et formulées qui plus est en dehors du calendrier des négociations annuelles. En 2017 également, Casino avait été assigné seul en justice pour avoir exigé certains remboursements de la part de ses fournisseurs en 2013 et 2014.
