On connaissait le café Max Havelaar, le chocolat Max Havelaar ou encore les bananes Max Havelaar. Désormais, la labellisation sera possible sur des yaourts, crèmes desserts, viennoiseries, pâtisseries, ou encore biscuits à condition qu’ils soient issus de filières blé et lait équitables françaises, certifiées par l’association.
L’organisation mondiale expérimente en France cette année un élargissement de sa mission au commerce équitable Nord-Nord.
Constatant que les exploitants agricoles des pays développés souffrent des mêmes maux que leurs homologues de l’hémisphère sud, Max Havelaar a décidé de développer une certification équitable Nord-Nord pour notamment leur assurer un revenu minimum, mais aussi promouvoir des modes de production plus respectueux.
« 30,1% des exploitations en céréales et grandes cultures et 14,9% des exploitations en production de bovins (dont lait) étaient déficitaires en 2017 selon l’Insee, rappelle-t-on chez Max Havelaar. Les agriculteurs travailleraient 53,3 heures par semaine. Dans certaines régions comme Poitou-Charentes ou l'Alsace, les éleveurs laitiers ne peuvent se payer un revenu équivalent au Smic. C'est aussi le cas, par exemple, en région Occitanie pour les céréales. Le taux de suicide agricole est 12,62% supérieur au reste de la population (MSA 2015). »
Pour finir de se convaincre que la certification équitable Nord-Nord est une attente des consommateurs français, Max Havelaar a commandité une étude auprès d’OpinionWay. Les résultats sont encourageants.
Alors que 62% des Français déclarent plébisciter l’origine France des produits qu’ils consomment, 53% réclament le respect d'un prix payé aux agriculteurs qui couvre leurs coûts de production. 39% sont favorables au développement de marques et labels garantissant une juste rémunération.
Le succès des récentes initiatives pour la défense de l’agriculture française témoigne de cette attente, comme les labels Agri-éthique et Bio équitable, les marques comme C’est qui le Patron ?! ou Les Éleveurs vous disent Merci d’Agromousquetaires.
« Un seul prix équitable pour tout un pays peut être réducteur, ajoute Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France. De ce que nous avons observé, le montant dont a besoin l’exploitant est différent en fonction de ses coûts d’exploitation et de son implantation géographique. Avec par exemple 40 centimes perçus par litre de lait, un producteur du Poitou peut être finalement moins bien rémunéré qu’un acteur breton qui perçoit 37 centimes. »
L’organisation applique donc à des filières françaises, ses méthodes de rémunérations qui ont fait son succès au Sud, à savoir une méthode de fixation de prix juste et sa traditionnelle prime collective qu’elle reverse aux exploitants soutenus pour les aider dans la conversion de leurs pratiques vers des solutions plus durables. Car pour faire partie des producteurs secourus, l’agriculteur doit aussi s’engager dans une démarche de progrès.
« Alors que tout le monde parle de garantir un prix juste, transparent et supérieur aux coûts de production à l'agriculteur, nous le proposons aujourd'hui concrètement et de façon territorialisée », argumente Blaise Desbordes.
L'Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou (ACLCCP) pour le lait et la coopérative Vivadour pour le blé font partie des premiers opérateurs engagés dans cette certification.
Les mesures de soutien sont aussi pensées pour encourager des jeunes à s’installer et faciliter les reprises d’exploitations pour lesquelles la succession ne serait pas assurée.
Retrouvez l’interview de Blaise Desbordes dans notre dossier spécial produits responsables de mai (réservé aux abonnés).