E-commerce alimentaire : Casino se relance avec Ocado
Le groupe Casino et Ocado, spécialiste de la livraison à domicile, vont s’associer en France. Casino va adopter un package complet de solutions fournies par l’Anglais (OSP, pour Ocado Smart Platform) en vue d’accélérer son emprise à Paris et 200 km alentour. Très concrètement, Ocado va fournir tout à la fois : un entrepôt automatisé, sa solution logicielle intégrée, le "moteur" du site web, sa logistique du dernier kilomètre ainsi que la gestion des données clients. Bref, une solution clé en main.
"Les enseignes du Groupe Casino pourront profiter de cette plateforme innovante de e-commerce alimentaire, en premier lieu, Monoprix.fr, qui offrira à ses clients le plus grand assortiment de produits alimentaires aux meilleurs niveaux de service et de coût", annonce le groupe Casino.
L’accord prévoit la mise en service d’ici deux ans d’un entrepôt afin de livrer Paris, l’Ile-de-France, la Normandie et les Hauts de France.
En contrepartie des investissements pris en charge par Ocado, de la maintenance et de la mise à disposition de la technologie, le groupe Casino versera à Ocado des commissions à la signature du contrat, durant la phase d’installation et d’exploitation de la plateforme, en fonction de la capacité effectivement utilisée et des niveaux de service atteints.
Les deux partenaires envisagent d’ores et déjà d’étendre le deal à d’autres centres urbains si l’expérience est un succès.
"Le groupe Casino se réjouit de cet accord avec le Groupe Ocado qui lui permet de développer la plateforme client et logistique intégrée la plus performante du marché, dans le cadre d’un modèle économique rentable, commente Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino. Cet accord représente une avancée majeure en termes de qualité : 50 000 références de produits alimentaires seront proposées dans un premier temps aux clients franciliens qui pourront bénéficier d’une livraison à domicile efficace et rapide."
Si cet accord a des allures d’aveu de faiblesse de la part de Casino sur un pan stratégique du métier, il lui redonne surtout des atouts dans la course au e-commerce sur Paris et sa couronne, zone clé pour la rentabilité du groupe. Mais zone potentiellement menacée à terme par l’arrivée d’Amazon Prime Now ou la montée en puissance d’Auchan Direct (nouvel entrepôt de Chilly-Mazarin). Sans compter le futur entrepôt "PPC" de Carrefour (lire Linéaires de novembre) et les velléités de Leclerc sur Paris, qui se concrétiseront en 2018.
Le groupe anglais n’en est pas à son coup d’essai en matière de support tarifé aux enseignes traditionnelles. Il s’est associé à son compatriote Waitrose (l’équivalent britannique de Monoprix) dès 2002, peu après sa création. Et, surtout, il a signé en 2014 un deal équivalent à celui annoncé ce jour avec Morrisons, le numéro quatre du pays.
Ocado, qui revendique un peu rapidement le titre de leader mondial de la distribution alimentaire en ligne, doit réaliser de l’ordre de 1,4 Md £ de chiffre d’affaires en 2017 (1,6 Md €). C’est un peu plus de la moitié de l’activité drive de Leclerc en France, à titre de comparaison ! Mais, assurément, beaucoup plus que les tous les acteurs de la livraison à domicile hexagonaux réunis.