Quelles enseignes ont tiré profit des paniers préremplis ?
Pendant le confinement, plusieurs enseignes ont décidé de proposer à leurs clients des paniers établis à l’avance. Bonne ou mauvaise idée ? Carrefour, Cora, Monoprix-Franprix et Nous Antigaspi témoignent.
Casino, premier sur le coup
Avant même l’annonce du confinement, les enseignes de proximité urbaine du groupe Casino, Monoprix et Franprix ont mis en place ce système de paniers. D’ordinaire hyper-connectées, celles-ci ont eu recours à une solution pour le moins « archaïque » : le téléphone. « Notre cible prioritaire était les seniors et les personnes fragiles qui ne pouvaient ou ne souhaitaient pas se déplacer en magasin, se justifie le porte-parole de ces enseignes. Or, une personne âgée sur deux n’est pas familiarisée avec internet. Voilà pourquoi la mise en place d’un numéro vert nous a paru plus intéressante. »
Le 9 avril, soit quatre semaines après le démarrage du service, Franprix annonçait 664 paniers livrés à 568 clients. 130 magasins proposaient alors la prestation, avec deux tailles de paniers. Chez Monoprix, les commandes quotidiennes ont atteint jusqu’à 500 unités avant de retomber entre 50 et 100, pour 241 magasins impliqués. Avec trois tailles de paniers, de 30 à 45 €. Dans chaque enseigne, seuls les magasins déjà voués à la préparation de livraison proposent le service.
Le B to B avant tout chez Cora
« Deux motivations nous ont poussés à proposer les paniers malins, explique Vincent Levy, directeur e-commerce et cross-canal chez Cora. La première, pour fournir les consommateurs en produits essentiels afin de désengorger les drives et faire face à une éventuelle fermeture forcée des magasins. La seconde, pour répondre à un besoin rural d’alimenter les personnes âgées et fragiles qui n’ont pas forcément la possibilité de se déplacer. »
L’initiative, ensuite généralisée à une dizaine de magasins, est partie d’une demande d’une mairie pour fournir ses habitants seniors. Puis, d’un service B to B, ce système de paniers s’est ouvert au grand public, toujours avec la nécessité de venir retirer son « panier malin » en magasin. Par la suite, d’autres extensions ont impliqué des partenaires comme Too Good To Go, Yper, Deliveroo ou Shopopop pour la livraison collaborative.
L’enseigne annonce avoir écoulé quelques centaines de paniers, dont la majorité avec les mairies et centres sociaux. « Personnellement, je ne pense pas que le modèle perdurera après le confinement », confie Vincent Levy. Pourtant, deux semaines avant la fin du confinement, l’enseigne s'est mise à tester des paniers thématiques (boucherie, fruits et légumes, etc.) qui donnent plus de flexibilité au client sans alourdir la logistique.
Carrefour, toujours en phase de déploiement
C’était certainement la solution la plus aboutie de toutes, avec un site internet dédié. Dès le 23 mars, Carrefour a révélé les Essentiels, des paniers préremplis sur plusieurs thématiques, livrés à domicile. D’abord terre, mer et veggie pour les formules alimentaires.
Plus tard, des extensions pour animaux de compagnie, pour les bébés, pour l’entretien et même des paniers uniquement composés de fromages ou en partenariat avec les dernières start-up acquises par le groupe : DejBox et Potager City. Des élargissements qui envoient donc des signes plutôt encourageants.
Deux semaines après son lancement en France, le modèle est repris en Italie, avec Gli essenziali. A Turin et Milan d’abord, et rapidement dans toute la Botte. C’est donc que la sauce ne prend pas aussi bien dans l’Hexagone. Ici, la prestation ne concerne encore que Paris et sa proche banlieue. Une déclinaison sur les produits frais uniquement (boucherie, fruits et légumes, produits de la mer), livrée 3 jours par semaine, est désormais proposée pour les départements du Rhône, Saône-et-Loire, Ain, Isère, Loire, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Dordogne et Charente-Maritime. L’enseigne avait pourtant annoncé un déploiement à venir dans 32 agglomérations complémentaires dès le 1er avril (ex : Marseille, Caen, Dijon, Nîmes, Brest, Toulouse, Bordeaux, Montpellier).
Nous Antigaspi y croit
Démarrée timidement, d’abord pour soutenir le personnel soignant, la proposition de paniers préremplis chez Nous Antigaspi a pris de l’ampleur. Désormais, l’offre s’adresse à tous les clients des huit magasins du réseau qui distribuent des produits écartés des circuits de distribution traditionnels (avec défaut ou DLC courte).
En un mois, l’enseigne a reçu près de 400 commandes de paniers de 15 et 25 € sur son site développé dans l’urgence. La moitié d’entre eux sont retirés en points de vente, l’autre est livrée à domicile. « Après un fort démarrage, les commandes se stabilisent désormais, explique Chloé Schwizgebel, chargée de communication. Nous souhaitons pérenniser le service et développons actuellement une nouvelle version de notre site internet. » La solution a permis au réseau de soutenir l’activité face à la perte de trafic, mais a également permis l’écoulement des stocks pour ses magasins dont les DLC sont plus courtes.