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Philippe Bouriez, l'indépendance à tout prix

  • Publié :
  • Modifié :
  • Auteur : B. Merlaud

Né en 1933, Philippe Bouriez faisait partie de ces entrepreneurs français qui ont posé les bases de la grande distribution en France.

Il a ouvert son premier hypermarché en 1969, à Garges-lès-Gonesse (95), sous franchise Carrefour. Mais dès 1974, Philippe Bouriez volait de ses propres ailes et fondait l'enseigne Cora.

Car l'homme était obsédé par son indépendance, au point d'en devenir très têtu. En sous-estimant sa ténacité, Daniel Bernard (Carrefour) et Jean-Charles Naouri (Casino) en ont d'ailleurs fait les frais.

Le premier, alors dirigeant de Carrefour, était persuadé d'investir pour l'avenir quand, en 1996, il rachetait à la hussarde 41% du capital de Cora auprès d'un frère et d'une sœur de Philippe Bouriez.

Ces parts n'ont jamais rien rapporté à Carrefour, et certainement pas la perspective de monter un jour davantage au capital de Cora. D'où leur revente, en 2001, à Deutsche Bank, avec une option d'achat pour Casino.

Cette fois, c'est Jean-Charles Naouri, pas moins pugnace que le Lorrain, qui y voyait un coup à jouer. Les deux distributeurs étaient alors déjà associés dans Opera, centrale d'achat commune à Casino et Cora.

La disparition brutale d'Opera

La seule chose que Jean-Charles Naouri aura obtenue, au-delà de l'inimitié de Philippe Bouriez, fut la disparition brutale d'Opera et finalement la revente des 41%, à un très bon prix, à la société Cora elle-même en 2006.

Philippe Bouriez aura mis vingt ans pour arriver à ses fins et il aura déboursé la coquette somme de 850 millions d'euros. Mais il aura soldé cette obsédante affaire de trahison familiale.

A la suite d'un accident opératoire, Philippe Bouriez avait dû se mettre en retrait des affaires en 2003, pour céder complètement les rênes du groupe en 2009.

Son frère, Jacques Bouriez, est depuis cette époque président du groupe Cora-Louis Delhaize. Le distributeur continue aujourd'hui de privilégier son indépendance. Il se contente de positions régionales fortes, tout en assumant les inconvénients liés à sa taille de "petit opérateur" sur le marché national.

Lexpress2

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