Covid-19 : Les PME à la peine en magasins
« Nous sommes en guerre, ne laissez pas mourir les PME ! » Tel est le message adressé aux distributeurs par Alexis Vaillant, le fondateur d’Alterfood qui développe des petites marques comme Marcel Bio ou Hugo le Maraîcher.
Non, la pénurie n’est pas à craindre, certes. Mais nombreux sont les patrons de plus petites entreprises qui montent au créneau. Car les temps se révèlent particulièrement durs pour les PME qui fabriquent des denrées jugées plus secondaires dans les assortiments durant la crise sanitaire. Les enseignes en ont conscience mais se sont surtout penchées, jusqu’ici, sur la problématique des produits frais de saison. Les initiatives ponctuelles pour soutenir les producteurs locaux ne manquent pas chez les indépendants. Système U voit plus large et va jusqu’à payer comptant toutes les factures provenant de TPE et PME de moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.
Mais pour l'heure, les grandes surfaces peinent à remplir les rayons. Les assortiments se resserrent chez les fournisseurs à la demande des enseignes qui se concentrent sur les 20/80. « Cela empêche les TPE et PME de s'insérer dans les flux logistiques. Leurs offres ne sont pas non plus privilégiées dans le drive, qui compte déjà pour 50 % du chiffre d'affaires dans certains magasins », regrette Loïc Hénaff, président de Produit en Bretagne.
Des variations terribles
Un constat partagé par le PDG de Péchalou et Baskalia (fabricant d’ultra-frais basé dans le Sud-Ouest) qui livre un journal de bord sur les réseaux depuis le début du confinement. La PME déchante après quelques semaines. Le PDG déplore que, face à l’urgence, les distributeurs aient taillé dans le vif des assortiments. « Nous faisons néanmoins face à des variations terribles de nos activités cette semaine et nous devons nous y adapter : -85% chez certains (gros) clients, sans annonce préalable, +40% chez d’autres, sur des produits différents. Nous avons un peu le sentiment de subir les bourrasques d’une terrible tempête imprévisible et nous ne savons pas ce qu’il en sera dans les prochains jours. »
Autre problématique pour les PME : la force de vente n’est pas la bienvenue en GMS. Impossible pour les fournisseurs de prendre les commandes en magasins et de gérer le réassort, ce que font beaucoup de directs notamment. « Il nous semble nécessaire de conserver la diversité de l’offre, l’origine et l’équilibre des produits proposés à tous les Français. Les entreprises sont sur le pont, volontaires pour participer à l’effort collectif et pour ne pas laisser tomber leurs activités », conclut Alexis Vaillant.