70% de réduction : le coup de poker d’Intermarché
Plus fort que la promo de 2018 sur le Nutella : deux magasins Intermarché ont proposé 70% de réduction sur toutes les pâtes à tartiner. Dans la foulée, des offres à -50% se sont succédé sur d’autres rayons alimentaires. Si ces opérations s’avéraient légales, elles videraient de toute sa substance la loi EGAlim.
L’offre n’a suscité aucune émeute passée au journal télévisé. Tout juste a-t-elle attiré l’attention du site spécialisé anti-crise.fr, qui s’en est étonné sur le ton "hé bé ça plaisante pas dans l’Indre". Mais c’est bien une petite bombe qu’ont lâché deux magasins Intermarché du département, à Châteauroux et La Châtre - Le Magny.
Le groupement d’indépendants avait défrayé la chronique en 2018 en offrant 70% de réduction sur le Nutella. Le type même de promo massue que la loi EGAlim s’est attachée à combattre. Pourtant, l’adhérent Intermarché indrien a fait encore plus fort la semaine dernière, en proposant aux clients de ses deux petits hypers 70% de réduction en bon d’achat sur… tout le rayon pâtes à tartiner. Sur Nutella, donc, comme sur les autres marques.
Dans le cadre de cette opération (exclusivement locale), d’autres offres du même acabit ont été déclenchées, jour après jour : 50% de réduction en bon d’achat à valoir sur toute la pâtisserie, tous les fruits et légumes, toute la marée puis toute la boucherie.
La loi EGAlim, précisée en janvier par les lignes directrices de la DGCCRF, distingue deux cas de figure. Quand la baisse de prix annoncée (immédiate ou en cagnottage) porte "sur un produit déterminé", la réduction est plafonnée à 34%.
Pour que la promo puisse dépasser ce seuil, elle ne doit plus "être liée à l’achat d’un produit déterminé". Il est ainsi possible, par exemple, d’offrir 20 euros de bon d’achat à partir de 40 euros de dépenses dans une catégorie de produits (ce qui représente 50% de réduction).
Les deux Intermarché de l’Indre, ici, semblent considérer que faire porter l’offre sur un rayon entier suffit pour entrer dans le second cas, sans plafond. Pourtant, dans les faits, c’est bien chaque référence du rayon qui bénéficie d’une offre à -70% ou -50%.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi EGAlim, les distributeurs multiplient les tests "limite" pour valider les champs d’application exacts du texte. Ce qui a conduit la DGGCRF, en janvier, à apporter une première série de précisions sous forme de lignes directrices.
La semaine dernière, Carrefour a lui aussi relancé les débats en doublant les remises accordées sur certains produits dès lors que le montant total du panier dépasse les 100 euros. Bercy a déjà prévenu que les lignes directrices de la loi pourraient encore évoluer "à la lumière des pratiques constatées". De fait, les zones d’ombre à éclaircir sont encore nombreuses…