Phenix : « Le premier argument du zéro déchet est économique »
Afin de limiter le gaspillage alimentaire, la société Phenix a mis au point une prestation de service complète nommée « Zéro Déchet Alimentaire » avec laquelle elle accompagne les magasins dans leur gestion des invendus en leur donnant une seconde vie.
Créé il y 7 ans, Phenix compte 200 employés et réalise un chiffre d’affaires annuel de 15 millions d’euros avec un réseau de 1000 clients. Le spécialiste guide les distributeurs de toute taille, de l’hypermarché à la proxi. Entretien avec Jean Moreau, PDG de la société.
Qu’est-ce que le Zéro Déchet Alimentaire (ZDA) ?
C’est une démarche globale proposée pour atteindre le zéro déchet. Nous donnons une seconde vie aux invendables, encore consommables par l’humain ou par les animaux. Ce n’est pas un label certifié, c’est une « reconnaissance » accordée par Phenix. Nous respectons une hiérarchie de valorisation : d’abord humaine par le stickage, par des paniers anti-gaspi sur notre application et par le don aux associations alimentaires, puis animale grâce à de nombreux partenariats (associations, zoos, fermes, N.D.L.R). Dans la mesure du possible, nous transformons en compost, biogaz et énergie ce qui n’est pas consommable.
Pourquoi avoir créé le ZDA ?
Pour généraliser le don de produits alimentaires. Nous souhaitons en faire une norme et une activité aussi professionnelle que le reste de la distribution. Le zéro déchet alimentaire est l’aboutissement d’une longue démarche anti-gaspi et nous aidons les magasins à optimiser le processus.
Honnêtement, quel argument convainc vraiment les distributeurs de s’y mettre ? L’enjeu de société, ou les économies réalisées ?
Le premier argument est économique. C’est d’abord pour l’argent que nous leur faisons économiser que les distributeurs nous choisissent. Ils y gagnent sur le volume de déchets organiques (facture allégée lors de la pesée), sur le chiffre d’affaires réalisé grâce aux produits vendus en dates courtes et sur la réduction d’impôts liée au don alimentaire, à hauteur de 60% de la valeur du stock alimentaire cédé.
Vient ensuite l’acte écologique. On aide les distributeurs à prendre conscience qu’ils ont de l’or dans leurs poubelles. On réduit les coûts, tout en cochant des cases RSE sur lesquelles les magasins sont ravis de communiquer à la fois en interne et en externe.
Comment le ZDA s’organise-t-il en magasin ?
Il faut beaucoup d’accompagnement, de présence terrain et de formations. Un membre de Phenix pilote le projet en externe, assiste les équipes magasin, les forme, gère les différents partenariats avec les associations, les dérogations, etc. Un référent est nommé en interne de l’enseigne pour porter l’initiative.
Comment votre société se rémunère-t-elle ?
Phenix est un prestataire de service, les magasins sont nos clients. Nous prenons une commission sur le chiffre d’affaires généré par le stickage et sur la réduction d’impôt lié au don. Nous percevons également une commission de 0,83€ en moyenne sur les paniers à 5€ vendus sur notre application et 20% du ticket sur les paniers plus élevés. Les enseignes nous demandent de mettre en place une offre forfaitaire : nous l’avons déjà mis en place pour Système U et Intermarché, où nous sommes référencés.
Comment se place le ZDA par rapport au label gouvernemental obligeant la distribution à réduire de 50% les déchets d’ici 2025 ?
Nous avons poussé pour l’émergence du label en participant à des groupes de travail. Cette future norme donnera plus de crédit à notre démarche et aidera à généraliser la pratique. Le gouvernement se doit d’être neutre, la reconnaissance ZDA ne peut donc pas être retenue pour devenir le label. Mais que l’idée et une partie de la dénomination soit reprises est tout à fait possible.