Les "petits producteurs" heureux d'Amazon
La boutique des producteurs ouverte par Amazon en 2018 a cartonné avec la crise. 300 vendeurs y ont pignon sur rue pour expédier leurs produits chez les consommateurs, y compris du frais. Certains fournisseurs de la grande distribution en profitent pour goûter à la vente directe.
"Notre activité a connu une augmentation sans précédent, avec une moyenne de 2000 euros par jour. Un an plus tôt, en mars et avril 2019, nous étions à 150 euros par jour." Cyril Jollivet n'en revient toujours pas des ventes qu'il a réalisées sur Amazon. Il dirige la société Ducs de Gascogne, un producteur de foies gras qui s'est diversifié dans les colis gourmands.
Il commercialise ses produits sur son propre site, mais il ne regrette pas le surcroît de visibilité que lui a apporté son installation dans la "boutique des producteurs" du géant américain. "Depuis l’annonce du confinement, nos colis gastronomiques sont devenus une alternative à la distanciation sociale et sont offerts aux proches de nos clients, notamment pour célébrer un anniversaire", se félicite le PDG gersois.
Amazon a lancé sa boutique des producteurs dans l'Hexagone en novembre 2018. Une façon astucieuse de mettre en scène un volet alimentaire de sa marketplace. Les conditions pour en faire partie sont simples : des aliments fabriqués en France et un seul intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur (Amazon, qui ne fait office que de vitrine, n'entre pas dans le décompte). Les vendeurs, également, doivent être capables d'assurer eux-mêmes l'expédition, en particulier quand il s'agit de produits frais. Le plus souvent, ils ont recours à Chronofresh.
Amazon, de son côté, leur applique les conditions habituelles de sa marketplace. Il prélève des frais d'abonnement (39 euros par mois) et une commission sur chaque transaction (8 à 15% selon la valeur des articles). Dans certains cas, il assure également l'expédition.
Quand le confinement a poussé de nombreux Français vers les écrans du e-commerce, la boutique des producteurs d'Amazon a profité de la dynamique. Évidemment, il n'est pas question ici de réaliser un plein de courses : des frais de livraison s'appliquent sur chaque expédition de chaque vendeur. Mais les usages de la boutique ont changé.
"En 2019, les ventes reposaient principalement sur l'épicerie fine, les thés, les vins et spiritueux, etc., rappelle Patrick Labarre, directeur de la marketplace d'Amazon France. Avec la crise, on a vu apparaître des produits frais, de la viande, des fruits et légumes, parmi les références les plus vendues."
Lucien Georgelin, Prince de Bretagne
Les 300 marchands installés aujourd'hui dans la boutique des producteurs commencent en effet à constituer une offre variée. "L'assortiment disponible dépasse les 7000 références", glisse Patrick Labarre. Au milieu des paniers gourmands et des alcools fins, on trouve par exemple des fromages régionaux et même des colis de viandes fraîches proposés par la Maison Victor, une boucherie de la Drôme.
Quelques fournisseurs de la grande distribution ont également franchi le pas. Lucien Georgelin vend directement ses confitures et pâtes à tartiner sur la boutique des producteurs d'Amazon. La marque de babyfood Yooji y propose une gamme de surgelés et d'épicerie.
Prince de Bretagne a commencé, à l'automne dernier, à tester l'attractivité de paniers de légumes de saison. "Nous avons noté une hausse importante de nos ventes après l’annonce du confinement, avec une moyenne de 100 paniers par jour contre 10 précédemment", calcule Gwenaëlle Roignant, de la Sica Saint-Pol-de-Léon, le groupement de producteurs qui gère la marque.