La filière fraises s’engage à tenir les prix négociés d’avant la crise
Xavier Mas, président de l’AOPn Fraises de France : Oui, nous avons obtenu de plus larges référencements en grande distribution, et la filière en est reconnaissante. Après une petite période de latence, les importations se sont aussi arrêtées, alors que traditionnellement le basculement vers la production de fraises rondes française se fait plutôt aux alentours du 15 avril. La situation a ainsi pu se rééquilibrer et le marché est devenu plus fluide dès fin mars.
Il faut dire que le début de saison, qui a coïncidé avec le début du confinement, a été catastrophique. On n’expédiait que la moitié de la production de nos gariguettes et détruisait l’autre. La baisse brutale d’activité des réseaux grossistes, qui compte pour 30 % de notre débouché, a été d’autant plus difficile que c’est traditionnellement le circuit avec lequel nous travaillons beaucoup en début de campagne. Nous courrions à la catastrophe, raison pour laquelle on a tiré la sonnette d’alarme.
Avant le confinement, nous étions plutôt dans une bonne dynamique de consommation, avec une augmentation régulière de 1 à 2 % par an. Pour donner un ordre d’idée, la consommation de fraises s’établit entre 110 000 et 115 000 t par an, et la production hexagonale à environ 50 000 t. Notre part de marché a clairement augmenté en dix ans, où nous étions plutôt à 40 000 t de production française.
Après avoir délaissé les produits frais au début de la crise, les consommateurs sont revenus vers eux et se tournent vers des produits plaisir, dont la fraise. La tendance est cependant à confirmer et il est difficile d’avoir de la visibilité sur le comportement des consommateurs à moyen terme. Les gros achats alimentaires du week-end ont cédé la place à des courses plutôt les lundis et mardis, ce qui bouleverse aussi les habitudes.
Il faut rester vigilants à ne pas les faire flamber. Par conviction mais aussi parce que nous avons besoin que le consommateur ait accès à notre produit à un prix accessible. Les adhérents de l’AOPn Fraises de France, qui représentent environ la moitié de la production française, se sont engagés à tenir les prix négociés d’avant la crise. Ceci afin de rassurer nos clients, mais ne pas non plus pénaliser les consommateurs.
En amont, la filière s’est organisée pour protéger les salariés dans les exploitations mais aussi les stations fruitières. La difficulté sera la main d’œuvre disponible pour la cueillette : les équipes venant de l’étranger n’ont pas pu rejoindre les exploitations. Il y a eu quelques retours, suite à l’appel du gouvernement, mais cela reste encore insuffisant.