L’inauguration d’un corner en animalerie qui accueille des marques de réseaux spécialisés. L’organisation d’une opération tarte aux fraises géante (900 parts !), préparée par l’équipe pâtisserie avec des fruits venant de la Dordogne voisine. Les hésitations sur le rayon bio, peut-être un peu trop grand maintenant que les ventes reculent. La désagréable découverte, au petit matin, d’un dégât des eaux provoqué par le déclenchement intempestif d’un sprinkler.
Le quotidien de l’Hyper U de Saint-Junien, en Haute-Vienne, ressemble à celui de beaucoup d’autres hypermarchés en France. Le magasin, pourtant, n’est pas tout à fait ordinaire.
Chaque semaine, les "coopérateurs", sur présentation d’une carte spéciale, bénéficient de 10% de remise sur un rayon tournant, cagnottés sur un compte à part. Ces clients un peu particuliers sont les sociétaires de Coop Atlantique. Le distributeur régional, qui a rejoint Système U en 2012, est une vénérable coopérative de consommateurs. Il suffit d’investir 7 euros dans une action Coop pour voter à l’assemblée générale de l’entreprise, se voir accorder des avantages exclusifs en magasin ou encore être défendu gratuitement par une association de consommateurs. 421.000 coopérateurs, dans le centre ouest de la France, sont ainsi sociétaires de Coop Atlantique.
Les 175 points de vente de l'entreprise bien entendu, sont ouverts à tous les clients. Saint-Junien, l’un des cinq Hyper U exploités par le groupe régional, vient de bénéficier d’une transformation. Le changement le plus visible reste la diminution de surface (800 m² ont été réaffectés à la galerie marchande), avec un compactage des univers non alimentaires. Une stratégie appliquée dans plusieurs hypers de Coop Atlantique, qui s’explique très facilement à Saint-Junien : un Leclerc de 5.900 m² fait figure d’encombrant voisin, installé à seulement 700 mètres de distance.
Circuits courts et farines locales
Mais pour cultiver sa différence, l’Hyper U ne se contente pas de la notoriété encore solide de Coop Atlantique dans la région (l’aventure coopérative a démarré à quelques kilomètres de là, à Limoges, en 1881). L’ancrage local du magasin est plus marqué que la moyenne, les producteurs du coin sont légion, la boucherie coupe ne jure que par les circuits courts, la boulangerie travaille des farines du cru. Le fait-maison monte en puissance, à la charcuterie, à la marée et bientôt aux plats cuisinés. La logistique du drive est optimisée, avec une zone de préparation de commandes dans les réserves qui gère son propre stock.
Bref, Coop Atlantique s’appuie sur les atouts gagnants du moment, tout en invitant ses clients sociétaires à participer à la vie de l’entreprise, en les faisant voter sur la stratégie du groupe aussi bien que sur le choix des associations locales à soutenir. Un joli grand écart.