Covid-19 : La prime de 1000 euros se généralise à l’ensemble de la distribution

26 mars 2020 - Agathe Lejeune

La prime exceptionnelle de 1000 euros pour les salariés sur le front pendant la crise du coronavirus se généralise dans la grande distribution. D’autant que le gouvernement a assoupli les conditions de versement de la prime. Mais pour nombre de patrons indépendants, la mesure pourrait bien être un problème supplémentaire.

 

Auchan, Carrefour, Intermarché, Système U, Leclerc, Cora ou aujourd’hui Casino, mais également Naturéo, Picard ou Colruyt, la distribution est favorable au versement de la prime exceptionnelle de 1000 euros pour les salariés sur le front pendant la crise du coronavirus. Les enseignes l’ont fait savoir cette semaine.

Les employés en production des grands groupes pourraient être récompensés eux aussi. C’est d’ores et déjà le cas chez Danone : « Tous les contrats de travail, tous les salaires, mondialement, sont garantis pour les trois prochains mois, indiquait sur RTL ce matin Emmanuel Faber, le PDG de Danone. Et pour tous les salariés en poste, sur le terrain, dans les bases logistiques et les usines, sera mise en place une prime d’urgence alimentaire. » En France, 5000 employés sont concernés et devraient toucher 1000 euros selon le PDG.

La mesure se généralise, donc. D’autant que le gouvernement a assoupli les conditions de versement de cette gratification exceptionnelle : « Nous suspendrons, pour les entreprises de moins de 250 salariés, l’obligation d’avoir un accord d’intéressement pour qu'elles puissent verser une prime sans charges et sans impôts jusqu’à 1000 euros afin de récompenser les salariés qui se rendent sur leur lieu de travail », a fait savoir mardi Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances. Mais entre l’effet d’annonce et la réalité, nombre d'employés pourraient bien être déçus.

Comment annoncer que la prime ne sera pas versée ?

Pour commencer, aucun groupe indépendant, qu’il s’agisse d’Intermarché, de Système U ou de Leclerc, n'est en mesure d'imposer le versement de la prime aux patrons d'hypers et supermarchés. Les communiqués qui se sont succédé ont d’ailleurs été clairs sur ce point. « Les patrons de magasins indépendants de notre groupement coopératif sont appelés, en fonction des moyens de leur entreprise, à mettre en œuvre le principe de prime exceptionnelle », précisait la note de Système U.

Casino ne cache pas ses réserves sur le sujet : « Oui, il paraît tout à fait proportionné de verser cette prime. L’idée c’est qu’elle dépende des situations particulières, de la contribution de chacun. Il est naturel qu’elle ne soit pas la même pour quelqu’un en télétravail ou en caisse. Nous attendons aussi d’avoir une vision claire de l’aspect législatif, des modalités de défiscalisation », a fait savoir Jean-Charles Naouri, le PDG, ce matin à l’occasion de l’annonce des résultats annuels du groupe. À l’instar de Carrefour, Casino va notamment devoir résoudre la question épineuse du versement des 1000 euros aux salariés chez les franchisés et locataires-gérants.

Pour nombre de points de vente, ces déclarations d'enseignes en cascade sont un vrai problème. À l’heure où il faut mobiliser le personnel et faire face à un absentéisme croissant, comment expliquer, en plus, que la prime n'est pas à l'ordre du jour ? « Je récompenserai au cas par cas, dévoile ce propriétaire de magasin. Mais 1000 euros ce ne sera certainement pas possible. » Pour cet autre, la réponse est claire : « C’est bien simple, si je la verse, c’est le résultat de l’année qui y passe, ce qui peut devenir très compliqué pour la suite. »

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