Avec Ocado, Casino lance "Monoprix Plus"
Le nouvel entrepôt de Casino, à Fleury-Mérogis, est opérationnel. Reposant sur la technologie d'Ocado, il permet la préparation automatisée de commandes e-commerce en un temps record. Le distributeur en profite pour lancer un nouveau service de livraison baptisé "Monoprix Plus".
Le ballet des petits robots est hypnotique. Perchés en haut de leur mezzanine, ils virevoltent à la vitesse de 4 mètres par seconde, se croisent sans jamais entrer en collision, survolant les alvéoles dans lesquelles ils récupèrent, les uns après les autres, les articles commandés en ligne par les clients.
Bienvenue dans le nouvel entrepôt de Casino, à Fleury-Mérogis (91). Opérationnel depuis le 18 mars dernier, ce site de 36.000 mètres carrés est unique en France. Il s'appuie sur la technologie mise au point par le Britannique Ocado. La grille géante qui constitue la mezzanine, les centaines de robots de picking et le logiciel qui pilote leurs parcours (encore mieux que la tour de contrôle d'un aéroport) font partie de la "smart platform", la solution complète qu'Ocado propose aux enseignes de la grande distribution. Le package inclut même la gestion des commandes et l'optimisation de la logistique de livraison.
Casino est le client exclusif d'Ocado en France. Au Royaume-Uni, Morrisons ou Waitrose font déjà appel à ses services. Marks and Spencer a même investi l'an dernier directement dans un joint-venture avec Ocado pour évincer Waitrose à compter de septembre prochain.
"Un modèle rentable"
Depuis qu'il a signé avec le Britannique en 2017, Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, est convaincu d'avoir mis la main sur "un modèle économique rentable". Car il s'attaque ici à une activité dans laquelle très peu d'acteurs ont réussi à ne pas perdre d'argent : le e-commerce avec livraison à domicile.
Les petits robots d'Ocado sont en effet capables d'une jolie prouesse. Ils peuvent piocher dans un assortiment de 50.000 références et préparer en 5 minutes une commande de 50 produits. Le déplacement de milliers de casiers dans la grille de la mezzanine, pour faire remonter les articles jusqu'aux alvéoles à portée des robots, rappelle un peu la ronde des conteneurs sur un cargo. Le dispositif permet même de trier les produits frais en fonction des DLC.
Mais pas question, ici, de s'épuiser dans des livraisons express en moins d'une ou deux heures. Le délai standard sera le J+1, souvent bien suffisant quand les commandes sont de vrais ravitaillements et non du dépannage.
500 millions d'euros de CA
Dans un premier temps, Casino a prévu que son entrepôt serait dédié à Monoprix. L'enseigne s'apprête donc à lancer un nouveau service de livraison en J+1, baptisé "Monoprix Plus" (les commandes traitées le 18 mars n'étaient encore que des tests). Les zones couvertes sont l'Ile-de-France d'abord, puis tout le nord de la France à terme.
L'entrepôt comme le transport sont gérés par une filiale dédiée de Casino, baptisée O'logistique. L'ensemble du projet, lui, est piloté par une autre filiale du groupe, O'commerce.
"Nous sommes très optimistes et très confiants, se réjouit Jean-Charles Naouri. La croissance du e-commerce alimentaire pour Casino en France était de 11% en 2019, pour atteindre 353 millions d'euros. La mise en service d’Ocado devrait permettre l’accroissement significatif des livraisons, pour un montant chiffré au départ à potentiellement 500 millions d'euros."
Un niveau de ventes qui sera peut-être atteint plus vite que prévu. Avec le confinement, la livraison à domicile prend une place nouvelle dans le quotidien des Français. Selon Nielsen, ce "format" particulier a vu son chiffre d'affaires exploser en France, de +90% puis +59% sur les deux semaines qui viennent de s'écouler.
Casino est le premier distributeur en dehors du Royaume-Uni à exploiter un entrepôt reposant sur la technologie d'Ocado. Les prochains sur la liste sont Kroger aux États-Unis (qui prévoit d'ouvrir 20 sites dans tout le pays), Sobeys au Canada, ICA en Suède, Coles en Australie et Aeon au Japon.