Reportage exclusif

Eurobounta : le magasin à 1 € d’Atac

17 juin 2005 - Florent Vacheret

  • Eurobounta : le magasin à 1 € d’Atac

    • Eurobounta offre 2 500 références, non permanentes, sur 530 m2. Le panier moyen se situe entre 8 et 10 euros. Ce premier magasin fonctionne avec trois salariés seulement : un responsable et deux employés polyvalents.

    • En renouvellement permanent, la zone « derniers arrivages » permet de jouer le saisonnier : actuellement tongs, jeux de plages, etc. Elle occupe l’allée pénétrante.

    • Le mobilier utilisé est simple et très modulable. D’un coup de main on passe d’une configuration broche, à panière ou tablette. Ce qui est fondamental quand les implantations sont, par définition, temporaires. Ajourés, les montants libèrent également la perspective visuelle.

    • A l’exception de ces quelques références de biscuits, l’alimentaire (y compris DPH et liquides) est absent du magasin. A noter que les produits sont, ici, vendus sur palette et non dépotés comme la plupart du temps.

    • Faute d’une réserve significative, les cartons sont stockés en casquette des gondoles. Point positif : cultiver l’image discount à peu de frais.

    • La force du concept réside sur la capacité à proposer des produits inattendus pour un prix aussi bas : vaisselle d’apparence qualitative, pèse-personne, mètre enrouleur de 5m, bijoux fantaisie, lunettes loupe pour presbyte, etc.

Connaissez-vous le marabunta ? Ce phénomène désigne les invasions de fourmis amazoniennes et, accessoirement, il a servi de titre à un mauvais téléfilm de science fiction américain de 1998. Aujourd’hui, il inspire… Atac. Les créateurs de l’enseigne Eurobounta voudraient ainsi signifier une « invasion de petits prix identiques ». Plus prosaïquement, l’Eurobounta ouvert le 8 juin à Aubervilliers (93) est un magasin « tout à 1 euro », sur le modèle à succès des « one-dollar-shop » américains ou des magasins à 100 yens japonais. La chaîne nippone Daiso propose ainsi 45 000 références à prix fixe ! Mais en France, mises à part quelques initiatives plus ou moins isolées (type Pays à 10 F) et les spécialistes du bazar discount (Gifi, Babou, Foir’Fouille, voire Noz, etc.), un tel concept reste inédit. Ce premier Eurobounta s’étend sur 530 m2 (d’autres unités sur 299 m2 seraient en gestation). Il est le fruit de la partition d’un Atac de 2 700 m2, situé dans une zone très populaire.

Panier moyen entre 8 et 10 euros

Le magasin est dépouillé, très discount dans son positionnement. Logiquement, les prix ne sont pas affichés et il n’y a pas de promo. Mais contrairement aux soldeurs, la plupart des produits sont dépotés (sur des broches, des panières ou des tablettes). Seuls les « derniers arrivages », situés dès l’entrée, se trouvent dans de grandes tables de fouille. Quelques références sont également vendues en palette ou en box. On trouve environ 2 500 références chez Eurobounta, presque exclusivement non-alimentaires (quelques codes de biscuits isolés). Les grands classiques sont représentés par le textile, les jeux/jouets, la décoration, le petit auto-brico, la vaisselle. Pour un euro seulement, le client peut s’offrir un pèse-personne, des lunettes loupe pour presbyte, un bijou fantaisie, un coussin pour canapé, quatre piles LR6, etc. Une vraie caverne d’Ali Baba. Assurément, Eurobounta bénéficie de l’expérience accumulée depuis l’an dernier par le groupe Auchan dans les foires à un euro. Lesquelles remportent un franc succès : en quelques jours, les hypers Auchan ont écoulé 20 millions d’articles en février dernier, sur la base de 1 000 références proposées ! D’après nos informations, le panier moyen de la nouvelle enseigne se situerait entre 8 et 10 euros depuis l’ouverture, soit dans les « normes » des « one dollar » américains.

Revenez souvent, il y a toujours des nouveautés

Par définition, ce genre de concept repose sur un renouvellement quasi-permanent de l’offre. Car l’achat est avant tout tiré par l’impulsion. Il n’y a qu’à voir les clients fouiller, venir, repartir, hésiter… quand ils ne reposent pas les produits 10 mètres plus loin ou qu’ils n’ouvrent pas les emballages pour tâter la marchandise. Là où un supermarché doit s’interdire de frustrer ses clients, Eurobounta joue avec subtilité de cette frustration. A peine arrivé, tel article est déjà en rupture, victime de son succès. « Il n’y en a plus, peut être dans un prochain arrivage. Revenez souvent, il y a toujours des nouveautés », s’entend répondre le client… déçu, mais qui retiendra la leçon. A peine plus d’une semaine après son ouverture, le magasin a déjà ses fidèles… Les néophytes sont, eux, souvent surpris, parfois incrédules et demandent à se faire confirmer que tel ou tel article est bien vendu 1 euro seulement. D’ailleurs, durant cette période « exploratoire » de la clientèle, une plus forte signalisation de la promesse « tout à 1 euro » dans la surface de vente ne serait sans doute pas superflue.

Une quarantaine d’unités pour être autonome

Bien que surprenante, l’initiative d’Atac est pertinente dans le sens où elle se pose en alternative à la croissance plus que molle de l’alimentaire, tout en s’inscrivant dans la mouvance actuelle favorable aux très bas prix. En outre, le risque de cannibalisation sur les ventes d’Atac est nul. A ce stade, les questions et réglages n’en restent pas moins nombreux. Vu le prix moyen des articles, ce type de concept exige une gestion au cordeau pour être rentable. Or, on peut parier que le taux de démarque, connue ou inconnue, sera significatif. En outre, le renouvellement fréquent de l’offre et des implantations exige de la main d’oeuvre. Sans parler de la gestion des invendus ou des méventes. Pas facile d’anticiper que les coussins à motif zèbre partiront comme des petits pains, alors qu’à l’inverse les clients vont bouder tel modèle de paillasson…
En termes d’approvisionnement, Eurobounta devra s’appuyer sur le grand import, d’origine asiatique pour l’essentiel. Ce qui sous-entend une commande minimale de l’ordre de 20 000 unités. De façon rationnelle, l’enseigne doit donc atteindre une quarantaine de points de vente pour gagner son autonomie en matière d’achats et de logistique. Gageons néanmoins qu’Auchan, fidèle à sa culture en la matière, se laissera le temps d’observer et de peaufiner les résultats unité avant d’entamer une duplication. Au moins à grande échelle.

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