Une année noire en Bourse pour Casino

2 septembre 2015 - B. Merlaud

Une année noire en Bourse pour Casino

La crise traversée au mois d'août par les principales places boursières de la planète n'a pas fait les affaires de Casino, dont le titre était déjà malmené.

Depuis juillet 2014, en effet, Casino a désormais perdu plus de 40% de sa valeur en Bourse. Le titre Carrefour lui est préféré, alors que le Stéphanois dégage de meilleures marges. Les explications de Linéaires.

Le cours de l'action Casino est passé de plus de 97 euros en juillet 2014 à moins de 55 euros en cette rentrée de septembre 2015. L'action Carrefour, au contraire, s'est revalorisée, en particulier en 2015 (+ 14% depuis janvier).

Le groupe Casino ne manque pourtant pas d'atouts. Les dividendes versés, d'abord, sont plus généreux (plus de 4% de rendement pour les actionnaires du Stéphanois, contre 2,5% pour ceux de Carrefour, selon les calculs de CercleFinance.com).

Marges plus confortables

Casino continue aussi de dégager, en 2014 comme sur le premier semestre 2015, des marges plus confortables que son rival : meilleur résultat opérationnel (2,2% du CA contre 1,9% pour Carrefour en 2015), meilleur résultat net (1,1% du CA contre 0,8%).

Moins dépendant des hypers et supers que son concurrent, Casino profite à plein de la rentabilité de ses enseignes de proximité ou premium (Monoprix, Pão de Açúcar au Brésil, Carulla en Colombie). Son avance en matière de e-commerce est évidente (Cdiscount, Cnova).

Mais là s'arrêtent les avantages. Carrefour, ces dernières années, s'est résolu à céder de nombreuses activités, quittant des pays secondaires afin de réduire son endettement et surtout réinvestir dans son cœur de marché.

Montages financiers complexes

Casino, dopé par la croissance des pays émergents dans lesquels il est présent, a au contraire multiplié les développements. Pour éviter de trop s'endetter, les rachats passent par des montages financiers complexes, qui assurent un contrôle à 100% des filiales alors que les prises de participation ne sont que partielles.

L'introduction en Bourse de Cnova (par ailleurs décevante) avait aussi pour but de financer la croissance du e-commerce avec des capitaux frais.

C'est astucieux pour grandir plus vite, mais pas sans conséquence : l'essentiel des profits dégagés par Casino, en réalité, lui échappe désormais.

En 2014 comme sur le premier semestre 2015, la "part du groupe" représente à peine 30% du résultat net, le solde étant reversé à des "intérêts minoritaires". Pas étonnant que les actionnaires s'inquiètent : au début des années 2010, les trois quarts des résultats (au demeurant bien plus élevés) restaient dans le groupe, comme c'est toujours le cas pour Carrefour aujourd'hui.

Décote de holding

Le dernier montage financier opéré cet été par Casino n'a pas non plus été du goût des investisseurs boursiers. En transférant le contrôle direct de ses activités brésiliennes et argentines aux mains de sa filiale colombienne Exito, Casino rapproche un peu plus son rôle de celui d'une holding, et à ce titre s'expose à un risque de décote.

La concentration géographique des activités de Casino, enfin, pose problème. Le groupe tire en effet plus de 80% de son chiffre d'affaires des seuls Brésil et France. Un atout quand le Brésil était en plein boom économique, mais ce n'est pour l'instant plus le cas. Si l'on ajoute à cela la coûteuse relance en France (baisse des prix chez Géant et Leader Price) qui tarde plus que prévu à donner des résultats, on comprend mieux les débordements d'enthousiasme, en interne, suscités par les premiers chiffres positifs de Géant.

C'est peu dire, en effet, que la stratégie française du groupe est suivie de près par les investisseurs. Au premier semestre 2015, dans l'Hexagone, le résultat opérationnel courant de Casino est passé dans le rouge, avec 53 millions d'euros de pertes. Un chiffre qui en dit long sur les difficultés encore enregistrées par les hypers, quand on sait que les autres activités du groupe dans le pays, proxi, Monoprix, supermarchés, sont historiquement (très) rentables.

Résultats : la part du groupe fond année après année

(millions d'euros)2015 (S1)2014201320122011
Chiffre d'affaires23 66848 49348 58241 97134 361
Résultat net*2578261 5241 535751
Dont part du groupe752538531 065577
Part du groupe/résultat net29 %31 %56 %69 %77 %

*activités poursuivies
Source : Casino ; années pleines sauf 2015 (premier semestre).

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