Interviews spécial enseignes françaises en Afrique noire (4/4)

Spécial Afrique : Thierry Vetter, directeur général de Geprocor, filiale export des Mousquetaires

  • Les enseignes françaises (ou présentes en France) en Afrique noire

    • Auchan fait ses gammes au Sénégal et en Mauritanie Discrètement, Auchan fait ses gammes en Afrique subsaharienne. Depuis 2014, quatre Atac ont ouvert à Dakar au Sénégal (photo). Des magasins en propre. En Mauritanie, un Atac franchisé a ouvert en mai dernier, d'autres sont prévus. Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, Auchan ambitionne de se déployer au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Cameroun.

      Photo : Auchan

    • Atac Sénégal : un positionnement discount Au Sénégal, les supermarchés Atac ont un positionnement discount. Leur slogan : « Moins cher tout le temps ! ».

      Photo : Auchan

    • Atac Sénégal : prix bas mais stockage haut ! L'offre du magasin compte plus de 2 500 références. Le stockage à l'épicerie est très haut !

      Photo : Auchan

    • Mercure International, l'affilié Casino en Afrique noire Affilié Casino depuis 2007, le groupe monégasque Mercure International exploite en Afrique deux petits hypers et quinze supermarchés Casino, répartis dans cinq pays : Sénégal, Côte d'Ivoire, Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville. Ici, le Casino de Pointe noire au Congo-Brazzaville. A Djibouti, le groupe Coubèche exploite aussi deux supermarchés Casino.

      Photo : Mercure International

    • Mercure International... aussi affilié U au Cameroun Fin juillet 2015, Mercure International a ouvert à Douala au Cameroun un Super U de 2 650 m². Son contrat d'affiliation en Afrique avec le groupe Casino lui laisse en effet la possibilité d'y ouvrir des magasins alimentaires sous des enseignes concurrentes.

      Photo : Mercure International

    • Super U Douala (Cameroun) : des portes fermées Une vue de l'îlot moderne rassemblant les rayons charcuterie et fromage coupe. Au second plan, les rayons frais LS, équipés de portes fermées.

      Photo : Mercure International

    • Super U Douala (Cameroun) : les MDD bien exposées Les MDD U sont très bien exposées en magasin. Les marques propres d'enseignes françaises (U, Casino, Carrefour, Les Mousquetaires, Leader Price) sont très appréciées des consommateurs africains, autant que les grandes marques.

      Photo : Mercure International

    • Super U Douala (Cameroun) Une vue du rayon textile.

      Photo : Mercure International

    • Super U Douala (Cameroun) : un magasin aux normes U Système U aide ses partenaires en Afrique pour la définition de leurs projets, la réalisation des plans des magasins. Le Super U de Douala est au même concept qu'en France. Des moniteurs métiers ont été envoyés sur place pour la formation des équipes. En revanche, l'assortiment est piloté localement par les magasins.

      Photo : Mercure International

    • U Express Cotonou (Bénin) Outre le Cameroun, les U sont présents dans deux autres pays. En Côte d'Ivoire, les Sabbag, famille libanaise, exploitent depuis 2014 un Super U de 1 600 m² à Abidjan. A Cotonou, les Tchifteyan, des Français installés au Bénin depuis plus de soixante ans, ont ouvert un gros Super U de 4 000 m² fin 2012. Ils en ont inauguré un autre (1 150 m²) en décembre dernier et comptent aussi un U Express (photo). Ils préparent l'étape suivante : l'implantation au Togo voisin.

      Photo : L. Haxaire

    • Un premier Spar au Cameroun Déjà présent en franchise dans neuf pays africains, Spar International, via son partenaire camerounais L’Atrium S.A., a ouvert en octobre 2015 un premier magasin (2 500 m²) à Douala. Un hyper est annoncé à Yaoundé. Spar se développe aussi au Nigeria. L'enseigne Spar est développée dans le monde via l'affiliation de partenaires dans chaque pays (Casino pour la France).

      Photo : Spar International

    • Dia représenté aussi en Afrique Dia a noué des accords avec des groupes locaux au Sénégal, en Guinée et au Nigeria. Les produits Dia sont vendus dans des magasins à l'enseigne Citydia. Ici, un des neuf Citydia de la société Diagonal S.A. au Sénégal.

      Photo : Diagonal S.A.

    • Citydia Sénégal Une vue de l'exposition des produits Dia dans l'un des magasins Citydia au Sénégal.

      Photo : Diagonal S.A.

    • Carrefour Abidjan (Côte d'Ivoire) : un premier hyper de 3 200 m² Affilié Carrefour en Afrique de l'Ouest et centrale, CFAO a ouvert le 18 décembre 2015 son premier centre commercial (PlaYce Marcory) à Abidjan en Côte d'Ivoire (20 000 m²). Avec pour locomotive un Carrefour de 3 200 m².

      Photo : CFAO - Raymond Djigla

    • Carrefour Abidjan (Côte d'Ivoire) : un hyper séduisant Carrefour Abidjan est un bel hyper, sobre mais moderne et attractif. A l'image ici du rayon boucherie coupe, de belle facture : vitrines droites et étal Bonnet Névé en arrondi.

      Photo : Carrefour- Sia Kambou

Thierry Vetter, directeur général de Geprocor, filiale export des Mousquetaires

Photo : Les Mousquetaires

« L'essor des GMS en Afrique francophone prendra encore beaucoup de temps mais le continent africain est plein de promesses. »

Quelles sont les activités de Geprocor ?

Nous commercialisons les produits des usines d'Agromousquetaires dans les Dom-Tom et dans 70 pays dans le monde : principalement en Europe de l'Est, en Afrique et plus récemment en Asie. Le chiffre d'affaires de Geprocor dépasse les 100 M€.

Quelle est la part du chiffre d'affaires réalisé en Afrique ?

40 % environ. Après un développement à deux chiffres pendant quinze ans, nos exportations vers l'Afrique progressent de 3 à 7 % depuis deux ans. Nous exportons essentiellement par bateau des PGC, du sec, des liquides et des surgelés et des produits à DLC courte par avion : ultra-frais, fromages, charcuteries, etc.

En Afrique, nous exportons principalement vers les pays francophones, avec des points forts au Gabon, en Côte d'Ivoire, au Cameroun et au Congo-Brazzaville. Nous travaillons aussi avec des distributeurs de pays non francophones : au Ghana, au Nigeria ou bien en Afrique du Sud.

Qui sont vos clients en Afrique ?

Surtout des indépendants ou des groupes d'indépendants à qui nous fournissons une gamme large de produits MDD à nos marques. Ce sont les mêmes produits que ceux vendus dans nos points de vente en France, avec des prix plus attractifs que ceux des grandes marques internationales. Nous approvisionnons aussi des distributeurs sud-africains pour leurs magasins implantés dans certains pays francophones.

Que pèse le coût logistique dans les prix des produits alimentaires vendus en magasin en Afrique ?

L'acheminement depuis la France vers les ports africains représente environ 10 à 15 % de surcoût sur le prix de revient d'un produit. Mais l'acheminement depuis les ports en Afrique vers les magasins renchérit également le prix des marchandises. La situation est variable selon les pays mais il faut prendre en compte des délais de dédouanement souvent longs, des taxes douanières importantes même si elles sont en baisse depuis quelques années et l'enclavement de certains pays. Le surcoût peut être de 150 à 200 % sur les bouteilles d'eau importées de France. Il se réduit à 30-50 % pour les containers multiproduits.

L'appro local peut faire baisser les prix. Se développe-t-il ?

L'approvisionnement local en Afrique reste limité même s'il est difficile de généraliser. Un pays comme le Gabon produit peu, d'autres ont une production mieux organisée, comme la Côte d'Ivoire ou le Cameroun. Par ailleurs, les approvisionnements en produits frais depuis l'Afrique du Sud se développent. Globalement, le potentiel de production sur place de produits frais reste énorme en Afrique.

Comment voyez-vous l'essor à venir des GMS en Afrique francophone ?

Il prendra encore du temps. On part presque de zéro. Dans de nombreux pays francophones, la part de marché du commerce moderne n'excède pas 2 à 7 %. Mais le continent africain est plein de promesses. Le potentiel est très important avec l'urbanisation croissante et l'émergence des classes moyennes. Mais il y a aussi de nombreux freins, bien plus qu'en Asie lors de l'apparition des grandes surfaces. Notamment la dépendance économique de ces pays aux matières premières, les incertitudes politiques ou les tensions dans le Sahel.

Verra-t-on un jour des Intermarché ou des Netto en Afrique ?

Sûrement pas des Netto. Etant donné le poids et le coût des produits importés, une enseigne au positionnement discount ne peut pas rivaliser avec les prix du commerce informel en Afrique. Pour l'enseigne Intermarché, nous y réfléchissons fortement, en n'excluant aucune piste. Mais même en nous associant à des partenaires locaux, le transfert de savoir-faire exigerait des ressources importantes. Il s’agit d’une décision stratégique et politique qui ne peut être prise que par la direction du Groupement des Mousquetaires.

Propos recueillis par F. C.-L.


Pour aller plus loin

 

A lire dans le numéro de février de Linéaires :

- La carte exclusive détaillant, par pays, la présence des enseignes françaises en Afrique subsaharienne.

 

- Notre analyse complète : chronologie des implantations, stratégie des enseignes en Afrique noire, etc.

 

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