Qui sont ces gros Mousquetaires ?
On sait l’hémorragie de magasins qui a affecté, ces dernières années, le parc des Mousquetaires. Pour enrayer la chute du nombre de ses Intermarché et tenter de limiter l’érosion de son volume d’affaires, le groupement a été contraint de s’impliquer directement, via des portages, sur nombre de dossiers. En marge de ce mouvement « d’intégration », on a également vu certains adhérents reprendre – ou se porter au secours, c’est selon – des magasins de leur secteur. Le tout avec la bénédiction des instances dirigeantes qui voient là une solution, à peu de frais, pour tenter de limiter les passages à la concurrence.
Quatre, cinq ou six magasins par adhérent
Du temps ou il était en activité, Pierre Gourgeon, l’ancien patron des Mousquetaires, évincé en 2002, n’a eu de cesse de réinvestir ses profits dans de nouveaux points de vente. Il en a ainsi créé six, à cheval sur l’Ardèche, la Drôme, et l’Isère. Aujourd’hui, ses fils, Laurent et Frédéric, se sont partagés les magasins. Ils ont donc chacun trois Intermarché et ont également ouvert deux Netto. L’un et l’autre réalisent environ 50 millions de chiffre d’affaires. Leurs deux holdings sont bien distinctes, sans participation croisée, ni consolidation. « Nous préférons rester cloisonnés, commente Laurent Gourgeon. Ca n’est pas souhaitable de laisser se constituer des groupes au sein des groupements ». Une éventualité qui ne serait pas sans inciter, en outre, les syndicats à réclamer une union syndicale et sociale.
Autre cas de figure, celui des frères Duhaupand, Didier et Dominique. Le premier possède trois Intermarché et un Netto dans le Nord (CA total : 42 millions d’euros). Administrateur au sein de la filière pêche du groupement, il s’est en outre beaucoup impliqué sur le dossier allemand (Spar).
Dominique, entré plus tôt dans le groupement, exploite quant à lui, cinq Intermarché, dont deux hypers, et deux Netto, situés dans l’Oise. Ensemble, ils génèrent 81 millions d’euros de CA. L’hypermarché de Senlis (3 700 m²), qui dégage à lui seul plus de 30 M€, est un modèle de rentabilité. Son résultat net est régulièrement autour de 4,5 %. Dominique Duhaupand, par ailleurs président d’ITM Espagne, est actuellement en train de céder deux de ses supermarchés à ses filles. Il est vrai que l’homme ne manque pas d’occupations. A Roye, dans la Somme, son véritable fief, il possède une boulangerie, un bistrot, et est très actif dans le secteur immobilier. Il dispose notamment d’une agence qui lui sert de tête de pont pour ses multiples programmes locatifs. Bref, un Mousquetaire très conquérant.
Saisir des opportunités qui se présentent
André Trébouta, en Bretagne, ou Pierre Schaetzle, en Alsace, sont d’autres exemples d’adhérents engagés sur la même voie. Un peu partout en France, des Mousquetaires découvrent ainsi le charme des opérations de croissance externe. « Cela n’a rien d’une volonté stratégique, se défend Didier Duhaupand. Le plus souvent, ce sont davantage des opportunités qui se présentent et que l’on choisit de saisir. » Pourtant, une fois aux commandes d’une escadre de magasins, les propriétaires n’ont d’autres choix que de modifier en profondeur leur méthode de travail. Forcément, il n’est plus possible de passer autant de temps dans chaque magasin. Il faut alors savoir déléguer. Parallèlement, plus on gère de points de vente, plus on est tenté de s’intéresser à la bonne marche du groupement et de ses structures collectives. Autant dire qu’entre la tournée des popotes et le tiers temps au siège, ces patrons ont des agendas bien remplis.