Que vaut l'engagement d'Auchan sur l'origine de la viande et du lait ?

Que vaut l'engagement d'Auchan sur l'origine de la viande et du lait ?

D'ici la fin 2016, tous les produits Auchan à base de viande ou de lait afficheront l'origine des matières premières animales. Le distributeur estime ainsi répondre aux attentes de transparence des consommateurs et des éleveurs. Vrai, en partie.

C'est à mettre au crédit de l'enseigne : personne ne l'oblige, aujourd'hui, à préciser l'origine de la viande (hors boucherie) ou du lait dans ses produits MDD. S'astreindre à le faire dès 2016 représente donc une vraie démarche volontaire. 2343 références, précisément, sont concernées.

"UE" ou "hors UE"

En revanche, Auchan n'ira pas aussi loin que les consommateurs pourraient l'espérer.

Pas de problème pour valoriser l'origine France, petit logo bleu blanc rouge à l'appui. Mais pour les produits d'import, les mentions se feront beaucoup plus discrètes : origine "UE" ou "hors UE" seront les uniques informations apportées sur les packs.

Seul un consommateur sur dix serait prêt à se satisfaire d'une information aussi peu précise. Ce chiffre est tiré d'un sondage mené dans quatre pays d'Europe en 2012 par le BEUC (structure qui regroupe différentes associations de consommateurs nationales).

Cette enquête, réalisée en France, Pologne, Autriche et Suède, établit que 70% des consommateurs considèrent comme important de pouvoir connaître l'origine des matières premières animales mises en œuvre dans les produits.

En janvier 2016, l'UFC-Que Choisir a passé au crible, en magasin, les emballages de 244 recettes à base de viande, en version marque nationale (13 grandes marques ciblées) ou MDD (7 enseignes étudiées). Verdict : dans 54% des cas, aucune origine n'est mentionnée pour la viande mise en œuvre.

Côté MDD, Auchan faisait partie des mauvais élèves, avec aucune information deux fois sur trois (Intermarché remportait la palme avec une origine citée dans 84% des cas).

"L’approche fragmentaire de l’Union Européenne sur l’étiquetage de l’origine prête à confusion, regrettait en 2013 le BEUC. L’origine doit toujours être indiquée pour les produits suivants : huile d’olive, poisson (sauf en conserve ou préparé), bœuf (frais, réfrigéré, congelé ou haché), volaille fraîche ou congelée d’origine non européenne, vin, la plupart des fruits et légumes frais, miel et œufs. Pour tous les autres produits, l’étiquetage de l’origine demeure volontaire. En somme, cette information est absente pour les produits à base de viande (par exemple jambon et saucisses), les yaourts et le fromage, les produits de base (par exemple huile, farine, sucre et pâtes), les biscuits et les confiseries ou les plats préparés."

Depuis avril 2015, en application du règlement Inco, l'indication obligatoire de l'origine est étendue aux viandes fraîches (ou congelées) autre que le bœuf : porcins, ovins, caprins, volaille.

"Accord de principe"

A la mi-mars 2016, la France a obtenu "un accord de principe" de la Commission Européenne pour expérimenter l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés. Fin mars, la commission de la sécurité alimentaire du Parlement Européen s'est elle aussi montrée favorable à l'introduction d'un étiquetage obligatoire du pays d'origine pour la viande et le lait, annonçant la prochaine mise au vote, en avril ou en mai, d'une résolution en ce sens.

En février 2015, dans une précédente résolution, le Parlement avait déjà "invité la Commission à présenter des propositions législatives" pour rendre obligatoire l'indication de l'origine de la viande dans les aliments transformés. Propositions qui se font toujours attendre.

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