Porc : les distributeurs doutent de l'effet d'un encadrement des promos
Le ministre de l'Agriculture multiplie les "préannonces" sur les mesures de soutien qu'il présentera le 12 juin aux éleveurs de porcs.
Il n'a de cesse de critiquer les promos des enseignes, qu'il juge excessives. Les distributeurs, en retour, préviennent que la consommation retombera en cas de moindre intensité promotionnelle.
Le 9 juin, Stéphane Le Foll a réuni les distributeurs et les industriels pour les "sensibiliser" à la crise que traversent les éleveurs.
Le ministre fait sien, visiblement, l'objectif de redressement des cours du porc jusqu'au niveau de 1,40 €/kg (il est resté sous les 1,30 €/kg depuis des mois).
Intermarché avait déjà annoncé son intention, via son propre outil industriel, de surpayer le porc pour soutenir les cours. À la sortie de la réunion avec Stéphane Le Foll, Leclerc a fait de même en prenant des engagements au nom de Kermené.
Les deux distributeurs, au passage, invitent l'Ania et les autres industriels du secteur à sortir de leur silence sur cette question.
"Nous avons mis en garde le gouvernement"
En revanche, pressentant un probable encadrement des promos présenté demain par le gouvernement, à l'occasion de l'assemblée générale de la fédération nationale porcine, les distributeurs font connaître leurs doutes.
"Cela aura un impact négatif sur la consommation, explique à Linéaires Mathieu Pecqueur, directeur agriculture et qualité de la FCD (fédération du commerce et de la distribution). Nous avons mis en garde le gouvernement à ce sujet, car ce n'est pas forcément une bonne perspective pour la filière si la consommation recule."
"Les centres E.Leclerc appliqueront scrupuleusement, le cas échéant, un arrêté encadrant les promotions si tel était le projet ministériel, commente Michel-Édouard Leclerc sur son blog. Les syndicats d’éleveurs étaient demandeurs. Qu’il en soit ainsi."
"On me permettra tout de même ici d’émettre des réserves, enchaîne le dirigeant, sur les effets pervers que ce dispositif risque d’engendrer sur la consommation, tant il est vrai que le consommateur conditionne fortement ses achats à cette intensité promotionnelle. Il ne faudrait pas qu’on se retrouve avec des stocks supplémentaires qui repèseraient à la baisse sur les prix."
"Par ailleurs, nous achetons aux industriels et non aux producteurs directement, poursuit Mathieu Pecqueur. Il n'y aura donc pas d'effet sur les cadrans. Pour nous, le lien entre promotion et prix du porc (payé au producteur) est loin d'être évident. Après, nous attendons les détails des mesures. Le sujet de fond concerne plutôt la compétitivité de la filière, car en Allemagne et en Espagne, les producteurs de porc gagnent de l'argent."