Pictogrammes nutritionnels : un test à 1,6 million d'euros
Le ministère de la Santé va tester en magasins, d'ici la fin de l'année, quatre systèmes différents d'étiquetage nutritionnel, afin de choisir celui qui sera recommandé (mais pas imposé) sur les packagings. 1,6 million d'euros ont été débloqués, pour une étude qui va porter sur cinquante magasins.
La loi santé du 26 janvier 2016 prévoit d'instaurer un système d'étiquetage nutritionnel graphique sur les emballages des produits alimentaires pour améliorer l'information du consommateur.
Cet étiquetage ne sera pas obligatoire (les industriels sont farouchement contre), mais il fait néanmoins l'objet de longs débats pour savoir quels critères de jugement et quels logos seront retenus par les pouvoirs publics.
Quatre notations sont en compétition : des plus simples (des codes de quatre à cinq couleurs) aux plus complexes (contribution d'un aliment aux besoins journaliers pour chaque apport nutritionnel de référence).
Faute de voir une mécanique s'imposer, la ministre de la Santé Marisol Touraine a décidé de tester les quatre systèmes en conditions réelles.
À partir de septembre 2016, cinquante magasins tirés au sort (parmi les enseignes volontaires, franchisés exclus) seront choisis pour participer à l'expérimentation. Chacun des quatre étiquetages sera testé dans dix points de vente, les dix derniers servant d'échantillon témoin. L'opération durera dix semaines.
En rayon, quatre à six catégories de produits seront concernées par le test (yaourts et desserts laitiers, traiteur frais, plats en conserve, viennoiserie et panifications emballées, céréales et biscuits petit déjeuner, boissons rafraîchissantes sans alcool). Toutes les références d'une catégorie, à chaque fois, seront stickées avec les pictogrammes nutritionnels évalués.
L'étude vise ainsi à déterminer l'impact des différents étiquetages sur la composition du panier, et les éventuels reports d'achats qu'ils suscitent. Les catégories choisies ont justement été retenues parce qu'elles proposent en leur sein une offre hétérogène sur le plan nutritionnel, susceptible de justifier de nouveaux arbitrages chez des consommateurs mieux informés.
Les hypers exclus de l'étude
En début d'année, le ministère de la Santé a constitué un comité de pilotage chargé de cette expérimentation et lui a accordé un budget de 1,6 million d'euros pour mener son étude. Budget que le président dudit comité s'est empressé de qualifier de "contrainte", regrettant "une enveloppe financière réduite". Le commentaire laissera songeur tous ceux qui ont déjà réalisé (ou acheté) des études marketing en conditions réelles !
Dans le protocole, en outre, les hypermarchés sont finalement exclus de l'expérimentation : trop de produits à sticker et trop de paniers à enregistrer... Le test sera donc limité aux supermarchés et hard discounters et il n'est pas exclu, même, de définir une surface maximale acceptable afin "d'ajuster" encore les coûts d'intervention.
Les quatre systèmes d'étiquetage nutritionnel en compétition
Nutri-Score
Un code de A à E souligné par cinq couleurs, allant du vert au rouge. Les aliments sont notés en fonction des teneurs en nutriments majeurs.
Sens
La notation initiée par Carrefour, depuis reprise et modifiée par la FCD. Le système, à quatre couleurs, prône des fréquences de consommation variables en fonction de la teneur en nutriments majeurs.
Nutri-Repère
Une version améliorée des repères nutritionnels journaliers. Pour les apports nutritionnels de référence, le système indique la contribution d'une portion aux apports quotidiens recommandés.
Traffic Lights
Largement répandus au Royaume-Uni depuis plusieurs années, ces feux rouges nutritionnels (trois couleurs) reposent eux aussi sur la contribution d'une portion aux apports quotidiens recommandés.