LinéairesPrix : les indépendants à la manœuvre
Grosse bagarre derrière Leclerc !
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2e sem. 2010
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Leclerc
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95,8
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Intermarché
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97,2
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Carrefour
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97,5
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Super U
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97,7
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Auchan
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97,9
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Cora
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99,3
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Carrefour Market
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99,5
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Simply Market
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102,0
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Géant Casino
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102,6
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S. Match
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106,2
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Casino SM
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112,6
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Monoprix
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112,6
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Visualisez la courbe d'évolution des indices de chaque enseigne sur les quatre dernières périodes :
Sous haute tension. La bagarre entre enseignes reste très vive sur les prix des produits majeurs de l’assortiment. Au second semestre 2010, le montant du panier Linéaires a baissé dans toutes les enseignes, sans exception ! La moyenne se chiffre à - 1,7 % au global. Sur un an, le prix de notre panier recule de 2,2 % (tableau), confirmant un mouvement de baisse ininterrompu depuis les sommets atteints en 2008, suite à l'envolée des matière premières agricoles.
Dans le détail, sur six mois, l’enseigne qui a fourni le plus gros effort est Cora, dont le panier cède la bagatelle de 3,4 %. Belle surprise ! Suivent les U, à - 2,5 %, Intermaché, à - 1,8 %, et Monoprix, - 1,6 %. Leclerc se « contente » d'un effort sur les étiquettes mesuré à - 1,4 % sur le semestre, contre - 0,4 % seulement pour Carrefour. Les deux leaders voient donc mécaniquement leur position relative se dégrader. D’où un resserrement perceptible des positions en tête de peloton : 0,7 pt d'indice seulement sépare désormais le deuxième du cinquième.
Leclerc intouchable leader
Pointé à 95,8, Leclerc conserve malgré tout une avance très appréciable, de l'ordre de 1,4 point, et son leadership ne souffre aucune contestation possible. A l’inverse, Carrefour s’est fait rattraper par la meute et doit même céder sa deuxième place. Pour trois petits dixièmes de point, Intermarché s'en empare. Au cours de la décennie écoulée, les Mousquetaires n’avaient figuré qu’une fois en aussi bonne posture, en 2007 ! Intermarché serait-il en passe de renouer pour de bon avec la grande tradition discount qui avait fait ses beaux jours dans les années 1980 ? C’est en tout cas la stratégie affichée par les dirigeants du groupement. A vérifier dans le temps…
Trois indépendants dans les quatre premiers
Sans faire du bruit, les Nouveaux Commerçants confirment également qu'ils n'ont plus de leçon à recevoir en matière de prix bas. Les U font la deuxième incursion de leur histoire sous la barre des 98. Prise séparément, Hyper U serait par ailleurs de longue date la deuxième enseigne la plus compétitive après Leclerc, selon l'Opus Nielsen. Le genre de performance qui n’arrive pas par hasard… Au passage, les U soufflent sa quatrième place à Auchan qui, comme Carrefour, a été moins mordant au second semestre (prix en baisse de 0,7 % seulement).
La bonne agressivité des U et des Mousquetaires aboutit à un autre constat inédit : pour la première fois depuis la naissance des indices Linéaires en 2000, les trois groupements d'indépendants sont placés dans le quarté de tête. De là à prédire qu'ils trusteront un jour prochain le podium il n'y a qu'un pas, qu'on serait bien tenté de franchir...
Casino au même niveau que Monoprix !
Mais la vraie surprise est ailleurs. Qui aurait parié qu’une des grandes enseignes nationales de supermarchés ose contester la « suprématie » tarifaire de Monoprix ? Les supermarchés Casino se paient le luxe d’aller flirter avec leur très urbain et huppé cousin. Lequel est bourgeoisement calé à un indice de 112/113 (soit 12 à 13 % plus cher que la moyenne des 12 enseignes GMS étudiées) depuis plus de trois ans. Selon nos mesures, les deux enseignes proposent désormais le même niveau de compétitivité, au dixième de point près.
Autant le dire tout de suite, le groupe Casino conteste formellement cette version des faits. Sur la foi des données du panéliste Iri, les supers Casino n’auraient perdu qu’un point d’indice entre juillet et décembre 2010 (108,4 sur les marques nationales en décembre) et les prix dans l’enseigne auraient baissé de 0,6 % sur un an. A l’inverse, les relevés de Linéaires font apparaître une hausse de 3,3 % sur 102 produits « majors » de l’alimentaire. Au-delà de la querelle de chiffres, la conclusion reste quoi qu’il en soit la même : Casino évolue dans une sphère tarifaire déconnectée des supermarchés conventionnels.
Cora et Géant se séparent
Au niveau des hypers, la même remarque vaut pour Géant Casino, durablement distancé par ses compétiteurs directs sur le format. Et le constat est encore plus vrai aujourd'hui qu'hier. Le bel effort de Cora, traditionnel « compagnon d'infortune » de Géant dans le ventre mou du classement, lui permet de pointer sous la barre symbolique de l’indice 100 (99,3). Une performance que l'on n'avait plus connue dans le groupe Louis Delhaize depuis deux ans. A l'inverse, Géant repasse au-dessus des 102 et perd le bénéfice du gain observé au premier semestre 2010. Les prix des majors ont certes baissé dans l'enseigne (- 1,8 %) mais moins que dans les autres réseaux. Là encore, les données Iri (total marques nationales) que fait valoir Casino sont plus flatteuses, avec des prix en baisse de 2,2 % chez Géant et un indice en amélioration de 1,1 pt sur un an (101,9 vs 103,0). Selon l’indicateur concurrent, l’Opus Nielsen, Géant serait passé de 105,8 à 103,5 sur les majors en 2010. A défaut d’être parfaitement en ligne sur l’évolution récente de l’enseigne, les trois sources confirment, à tout le moins, l’ampleur du chantier restant à accomplir pour faire de Géant un opérateur capable de lutter contre les meilleurs.
Pour aller plus loin
Retrouvez la version intégrale de l'article dans le numéro de février de Linéaires.