Les premières applications de la blockchain dans le commerce

Les premières applications de la blockchain dans le commerce

Par son caractère inviolable, la blockchain joue le rôle d'un tiers de confiance chez qui tous les opérateurs d'une chaîne déposeraient leurs documents. Son intérêt est évident en matière de traçabilité des produits, mais aussi dans le cadre des marketplaces, des livraisons, etc.

"Mettre en place une blockchain, c'est un peu comme si on allait chez le notaire à chaque transaction", image Sylvain Cariou, consultant et président de la commission de normalisation blockchain pour l'Afnor.

Chaque opération entre deux acteurs enregistrée dans une blockchain est aussitôt partagée et dupliquée chez les autres acteurs de la même "chaîne". Ce qui rend impossible toute modification ultérieure de l'enregistrement.

"Utiliser de la viande de cheval dans des lasagnes deviendra plus difficile"

Apparue en 2008 pour donner sa valeur à la monnaie numérique bitcoin, la blockchain s'ouvre depuis deux ans à de nouvelles applications informatiques. La banque et la sécurité ne sont pas les seuls secteurs concernés, la grande distribution peut aussi y trouver son intérêt.

D'abord afin de repenser la traçabilité des produits. "La blockchain facilite le contrôle parce qu'elle déporte l'information, poursuit Sylvain Cariou. Il faudra toujours pratiquer des audits, mais utiliser de la viande de cheval dans des lasagnes deviendra plus difficile."

En février, Carrefour a ainsi annoncé que la traçabilité de ses filières animales deviendrait plus facilement accessible aux consommateurs grâce à l’utilisation, "pour la première fois dans la grande distribution", de la blockchain.

Fin 2016, déjà, Walmart avait commencé à expérimenter la blockchain pour la traçabilité de quelques produits, aux États-Unis et en Chine.

Rémunération des éleveurs

L'enregistrement partagé de toutes les étapes de fabrication d'un produit devrait également faciliter l'accès à l'information sur les allergènes ou le calcul d'un bilan carbone.

On peut aussi imaginer, dans le cadre de filières MDD tripartites, que la rémunération des éleveurs, pour chaque animal ou stock de lait vendu aux industriels, soit intégrée à la chaîne d'information dès lors qu'elle fait l'objet d'un engagement contractuel.

L'amont n'est pas seul concerné par les applications de la blockchain. Puisque de nouveaux intermédiaires se glissent désormais entre les enseignes et les clients finaux, la blockchain peut avoir son utilité. Par exemple pour tracer toutes les étapes de vente sur une marketplace. Ou encore pour valider la livraison d'une commande par un tiers.

Bref, tout est encore à construire. A tel point, d'ailleurs, que l'organisation internationale de normalisation (plus connue sous ses initiales ISO) a entrepris en 2016 d'en définir les pratiques. 17 pays sont engagés dans la démarche (dont la France) et autant la suivent de près avec un statut d'observateur.

Dans l'Hexagone, c'est l'Afnor (association française de normalisation) qui pilote le chantier. "Il ne s'agit pas de figer des standards techniques, qui vont forcément évoluer, précise Sylvain Cariou. Mais la normalisation doit permettre l'interopérabilité et l'échange de données entre utilisateurs, applications et systèmes, dans ou en dehors de la blockchain."

L'ISO a organisé sa première réunion sur la blockchain en Australie, du 3 au 5 avril. La prochaine étape consiste notamment à susciter un maximum de participations des opérateurs économiques, dans chaque pays, pour anticiper les usages possibles de la blockchain. En France, tous les distributeurs et les industriels qui voudront frapper à la porte de l'Afnor seront les bienvenus.

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