Les enseignes plus ou moins à l'aise avec la suppression des sacs plastique

Auchan présente en magasin une nouvelle génération de sacs de 50 microns d'épaisseur

La suppression des sacs jetables en caisse est une réalité depuis longtemps en GMS et rapporte un petit pactole aux enseignes. La disparition des sacs plastique "fruits et légumes", en revanche, va représenter un coût pour les magasins.

A compter du 1 juillet 2016, d'abord, la loi sur la transition énergétique prohibe la distribution en caisse des sacs plastique à usage unique (ceux très fins, d'une épaisseur de 50 microns ou moins), qu'ils soient gratuits ou payants. L'interdiction vaut également pour la remise des commandes en drive.

Cela fait déjà longtemps que les enseignes de la grande distribution ont franchi le pas. Leclerc, pionnier en la matière, s'y est même mis dès 1996 (et s'en amuse cette semaine dans une campagne de publicité montrant... Ségolène Royal il y a vingt ans).

Au nom du développement durable, les clients des GMS ont joué le jeu et ont assez facilement accepté la disparition des sacs gratuits en caisse. Pour les magasins, la bascule était d'autant plus facile à réaliser qu'elle représentait une aubaine sur le plan financier.

110 millions d'euros économisés

En 2007, Linéaires avait fait les comptes. Quand ils offraient des sacs jetables à leurs clients, les distributeurs dépensaient chaque année environ 110 millions d'euros. Avec la vente des sacs réutilisables, ils engrangeaient au contraire, à l'époque, 80 millions d'euros de chiffre d'affaires additionnel par an (facturation des sacs et hausse des ventes, par ricochet, au rayon sacs poubelle).

Certes, sur ces 80 M€, il fallait encore déduire 12 M€ dépensés au titre du renouvellement des sacs rapportés par les clients, la marge dégagée au final étant modeste. Mais la situation restait toujours plus confortable que les pertes nettes d'avant !

Depuis, les ventes de sacs réutilisables se sont encore développées à un rythme soutenu. Rien que chez Leclerc, on est passé de 48 millions d'unités facturées en 2006 à 177 millions en 2014.

Mais la proportion de sacs rapportés s'accroît encore plus vite : 2 sacs ramenés pour 10 sacs vendus en 2006, 6 sacs ramenés pour 10 vendus en 2014 (toujours chez Leclerc). Il faut dire aussi que le mouvement d'indépendants continue de se distinguer en proposant non seulement l'échange, mais également le remboursement des sacs.

300 millions de coûts supplémentaires

À partir du 1 janvier 2017, toujours en application de la loi sur la transition énergétique, tous les sacs plastique standard de moins de 50 microns d'épaisseur seront interdits, en rayon comme en caisse. Ce qui sonne le glas des 12 milliards de sacs servant actuellement à emballer les fruits et légumes et tous les autres produits vendus nus en rayon.

Les solutions de remplacement qui s'imposent à ce stade aux magasins sont plus onéreuses, et pas qu'un peu : sacs en papier ou composés de matières plastique en partie biosourcées (dans des proportions qui augmenteront avec les années).

A Lorient (56), qui a fait figure de ville test et où les commerçants ont déjà appliqué la loi par anticipation durant quinze jours, le directeur du Leclerc de Lanester a fait ses comptes.

"Nous utilisons deux millions de sacs plastique par an au rayon fruits et légumes, a-t-il expliqué au Télégramme (à lire ici). Cela nous coûte 11.000 euros par an. Si on passe aux sacs en papier, ce sera deux fois plus cher ; dix fois plus cher si on opte pour les sacs en plastique biodégradable."

Anticipant l'entrée en application de la loi, Monoprix a déjà remplacé, depuis février 2016, ses sacs plastique fruits et légumes par des sacs en papier. Chez Intermarché, de même, les sacs papier ont commencé à cohabiter avec les sacs plastique au rayon f&l.

La fédération du commerce et de la distribution, elle, s'est déjà étranglée en évoquant un surcoût de 300 millions d'euros, faisant planer la menace d'une répercussion sur les prix des fruits et légumes.

Des nouveaux sacs de caisse chez Auchan et Leclerc

Les nouveaux sacs de caisse Leclerc reproduisant des œuvres de Lorenzo Mattotti

Ils étaient déjà en règle vis-à-vis de la loi, mais Auchan et Leclerc profitent de son entrée en application le 1 juillet pour lancer de nouveaux sacs de caisse.

Auchan présente en magasin une génération de sacs de 50 microns d'épaisseur (voir photo plus haut) : le seuil minimum pour être considérés comme réutilisables. Ils sont vendus 7 centimes pièce et pourront finir leur vie dans des poubelles de 20 litres, avec lesquelles ils sont compatibles.

Leclerc, de son côté, revoit sa collection de sacs de caisse (photo ci-contre) en y reproduisant désormais des œuvres de Lorenzo Mattotti (le Fonds Hélène et Édouard Leclerc, à Landerneau, a déjà organisé une exposition rétrospective dédiée à cet artiste).

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