Les distributeurs multiplient les promesses pour soutenir l’agriculture française

Les filières de produits frais sont sérieusement inquiètes, voire déjà en crise. Désormais presque seuls à nourrir les Français, les distributeurs multiplient les engagements en faveur de la ferme France.

« Je veux saluer le patriotisme alimentaire dont font preuve les distributeurs », affirmait Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture hier matin (mardi 24 mars) lors de son interview sur BFM-TV. Il faisait référence à l’engagement pris par la plupart des acteurs de la grande distribution pour soutenir les filières agricoles françaises durant la crise sanitaire due au coronavirus.

La demande est au plus bas pour les poissons, les fruits et légumes frais, etc. Et pour cause ! Entre la fermeture des restaurants, des cantines scolaires et désormais des marchés alimentaires, les débouchés sont très restreints. Les pêcheurs voient le prix de leur marchandise s'effondrer. Les producteurs de fraises ou d'asperges se demandent comment ils vont pouvoir sauver leur courte saison. Les industriels de la charcuterie et des fromages voient les stands coupe se fermer les uns après les autres, ce qui condamne de fait les petites spécialités. Pendant ce temps, les consommateurs préfèrent se diriger vers l’épicerie pour stocker et faire face au confinement.

Heureusement, ces "réflexes de guerre" devraient rapidement s’essouffler. « Ce qui est intéressant, c'est de regarder ce qui se passe en Italie, où la situation liée au Covid-19 est en avance d'un peu plus de dix jours sur nous, explique Astrid Etènevaux, animatrice de l'association d'organisation de producteurs Asperges de France. Au début, comme en France, les achats étaient surtout de première nécessité. Depuis la semaine dernière on constate que les consommateurs italiens commencent à se replier sur les produits frais et à cuisiner. »

Le plan média d'Intermarché

Intermarché communication

Pour inciter les Français à se tourner davantage vers les produits d’origine France aux rayons frais, certains distributeurs prennent les choses en main. Localement, on voit se multiplier les initiatives de magasins qui mettent en avant les producteurs de proximité.

Intermarché déroule un plan média national pour « sensibiliser les Français à ces différentes problématiques et les inciter à consommer notamment plus de fraises et d’asperges françaises, ainsi que du poisson issu de la pêche fraîche », comme l’explique Thierry Cotillard, président d’Intermarché et Netto.

Les réseaux sociaux, les spots radio et la presse écrite sont sollicités pour soutenir les filières fraises, asperges et produits de la mer. « Nous souhaitons expliquer au plus grand nombre l’importance d’acheter des denrées alimentaires issues de filières agricoles françaises. Par ce geste, les consommateurs aident les producteurs, soutient Thierry Cotillard, président d’Intermarché et Netto. Les asparagiculteurs sont en grande difficulté puisqu’ils n’ont qu’une récolte par an. Ils risquent d’en perdre la moitié et de s’endetter sur plusieurs années. »

Des engagements d'achats auprès des filières françaises

Les distributeurs renforcent également leurs approvisionnements français. Michel-Édouard Leclerc en a ainsi pris l'engagement pour les fruits et légumes. Les asperges, tomates et concombres d'import ne sont plus commercialisées en points de vente depuis jeudi dernier. De plus, la fraise française sera poussée en priorité. « Pour la semaine du 20 avril, le plateau de 1 kg de fraises d’Espagne, initialement prévu, sera remplacé par une origine France », précise le dirigeant. Pour les produits de la mer, la Scapmarée, qui fournit environ 600 magasins, a mis fin à toutes les importations et privilégie ainsi une offre française.

De son côté, Carrefour bascule cette semaine au 100 % français sur des produits tels que la fraise, l'asperge blanche/violette et le concombre. Par ailleurs, l'enseigne travaille avec ses partenaires producteurs afin d'adapter les cahiers des charges et de revaloriser les tarifs pour les aider à faire face à la situation.

Au rayon marée, Carrefour s’engage également sur des volumes et des prix auprès de plusieurs mareyeurs. Océalliance en fait partie. Une dizaine d'espèces majeures sont concernées : maquereau, sardine, julienne, merlan, etc. Les rayons poissonnerie resteront ainsi ouverts et achalandés. Pour un maximum de magasins, les stands traditionnels demeureront actifs. Pour ceux contraints à la fermeture, la marchandise sera conditionnée afin d'être vendue en libre-service.

De plus, l’enseigne oriente la majeure partie de ses achats de bars et daurades royales d’élevage issus d’aquaculture française vers son partenaire FQC Gloria Maris. Lequel a perdu ses clients de la restauration et de l’export depuis le début de la crise. La société corse se retrouve avec un fort surplus de production, auquel Carrefour assure donc de nouveaux débouchés.

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