Difficile de définir le concept Leclerc Express. En réalité, il est ce que chaque adhérent a décidé d’en faire. Michel-Edouard Leclerc avait menacé de lancer une chaîne de hard discount, il n’en est rien. Avec comme slogan « moins cher sur l’essentiel », les Leclerc Express sont plutôt des petits supermarchés, de 800 à 1 000 m2, proposant plus de MDD et premiers prix que la normale.
L’assortiment varie, selon la surface, de 3 000 à 5 000 références, avec seulement 25 à 30 % de marques nationales. Les prix sont globalement les mêmes que dans les hypers Leclerc. Dans certains cas, l’adhérent a cru bon de préciser, grandes affiches à l’appui, que les marques nationales sont bien présentes en nombre dans le magasin. Bref, Leclerc Express se veut surtout une enseigne de proximité à prix Leclerc.

19 unités à fin janvier

Jusqu’à présent, le mouvement ne s’est pas vraiment approprié le concept. Il autorise juste les adhérents qui le désirent à se lancer. Deux centrales régionales, Scalandes et Scapest, ont porté le projet à sa naissance en 2006. Aujourd’hui, on trouve aussi des Leclerc Express dans l’Ouest. Mais le parc n’affiche malgré tout que 19 unités (en comptant les trois ouvertures annoncées pour janvier). La Scapest, qui a revu ses objectifs à la baisse, estime tout de même pouvoir ouvrir une dizaine de magasins par an.
Certains adhérents ont trouvé là l’opportunité de conserver leur premier local, après un transfert-agrandissement. D’autres, désireux d’ouvrir un satellite, ont repris un commerce en difficulté. Le premier Leclerc Express ouvert, à Grenade-sur-l’Adour (40), était un ancien Shopi. Ceux de Monéteau (89) ou d’Ay (51) étaient respectivement un petit Intermarché et un petit Champion franchisé dans le rouge. A Villers-Cotterets (02), l’adhérent local a repris et agrandi un ancien Le Mutant. Certains n’hésitent pas non plus à créer ex nihilo un Leclerc Express (5 dossiers acceptés en CDEC en 2007). A Maizières-les-Metz (57), l’adhérent d’Hauconcourt a fait construire un Leclerc Express en à peine 16 semaines !

Séduire les adhérents concurrents

L’autre intérêt du concept, accessoirement, est d’être un outil de recrutement. Oh, pas pour attirer de jeunes candidats aux moyens limités (les Leclerc Express sont toujours, jusqu’à présent, des « seconds » magasins). « Un Leclerc Express seul ne suffirait pas à faire vivre un adhérent », estime un baron du mouvement. Il participe plutôt à la séduction d’adhérents des enseignes concurrentes. Combien de propriétaires de Super U ou d’Intermarché ne s’intéressaient pas à Leclerc parce qu’ils voulaient aussi conserver leur Marché U ou leur Netto ? A Montfort-sur-Meu (35), l’enseigne Leclerc Express a convaincu un adhérent Intermarché, qui a converti son second point de vente (mais en l’amputant d’une partie de sa surface : c’était un Intermarché de plus de 2 000 m2).
Le mouvement se cherchait depuis quelques années sur les magasins de taille réduite. Créé sur l’initiative des adhérents, Leclerc Express est en train de prendre une envergure nationale : le concept a pesé dans trois dossiers lourds montés par Leclerc en 2008. Si Coop Alsace s’est rallié au mouvement, c’est aussi parce que bon nombre de supermarchés Maxicoop (une vingtaine, sans doute) pourront passer Leclerc Express. Même chose à La Réunion (2 Champion et 14 Leader Price récupérés), pour les plus petits points de vente. Et même chose encore en Corse, où les plus petits U convertis deviendront des Leclerc Express.
L’existence de la nouvelle enseigne avait démarré sagement, au rythme des initiatives individuelles prises ça et là. Durant le premier semestre 2009, le parc va, donc, plus que doubler. En Alsace notamment, le mouvement va en profiter pour tester, de façon plus rationnelle, un vrai modèle économique et logistique pour Leclerc Express.