L’homme qui veut renverser Carrefour
C’est une scène assez incongrue que donne à voir l’entrée du nouveau siège de Carrefour à Boulogne-Billancourt depuis bientôt huit jours. Un homme est assis là, sur une chaise, devant un écriteau mentionnant : en grève de la faim. Cet homme n’est pas un inconnu… Il s’agit de Xavier Kemlin, en guerre contre Carrefour depuis 2005 suite à la prise de contrôle du franchisé Hyparlo, au cours de laquelle les actionnaires minoritaires auraient été floués.
Mais c’est une bataille d’une autre ampleur à laquelle s’attaque aujourd’hui ce descendant de Geoffroy Guichard (Casino) : sa grève de la faim n’a d’autre but que de pousser le conseil d’administration de Carrefour à la démission. Pas tant pour l’affaire Hyparlo que pour les décisions stratégiques malheureuses prises ces dernières années. En clair, Xavier Kemlin veut la tête de Lars Olofsson et d’une bonne partie du conseil d’administration, pointés du doigt pour leur absence de « culture d’épicier ».
Dans son projet de putsch, le protestataire assure avoir le soutien des familles fondatrices de Carrefour. Selon lui, Hervé Defforey – l’ancien numéro deux du groupe en charge des finances jusqu’en 2001 – serait prêt à assurer des fonctions non-exécutives. Des membres du Comex et du conseil auraient également manifesté, discrètement pour l’heure, leur solidarité.
Les nuages noirs s’accumulent ces derniers jours sur le conseil de Carrefour. Jeudi, Nicolas Bazire (proche de Bernard Arnault et administrateur de Carrefour) a été mis en examen dans « l’affaire Karachi », en tant qu’ex-directeur de campagne d’Edouard Balladur. Simultanément, le Nouvel Obs révélait que l’ancien ministre Thierry Breton (administrateur également) se verrait bien remplacer Lars Olofsson à la tête de Carrefour. Une perspective qui n’a guère les faveurs du « clan des épiciers ». «Si Thierry Breton se présente à la présidence de Carrefour, moi je me présente à la présidentielle, ironise Xavier Kemlin. Je suis aussi compétent en politique que lui en distribution ! Carrefour a assez perdu de temps comme cela, il faut sauver cette boîte.» L’intéressé assure néanmoins agir dans l’intérêt général et ne briguer aucune responsabilité.