Intermarché, Auchan et Leclerc s'engagent sur le Nutri-Score
La ministre de la Santé aura finalement emporté l'adhésion des professionnels. Trois distributeurs, Intermarché, Auchan, Leclerc et un industriel, Fleury Michon, s'engagent ce jour à apposer l'étiquetage nutritionnel Nutri-Score sur leurs produits.
La loi santé de janvier 2016 prévoyait d'instaurer un étiquetage nutritionnel graphique sur les emballages des produits alimentaires pour améliorer l'information du consommateur. En fin d'année dernière, un test en conditions réelles a été mené dans 60 supermarchés afin de comparer les effets sur les ventes de plusieurs procédés de notation.
Le système Nutri-Score consiste en une note synthétique de A à E, apposée sur un fond de couleur allant du vert au orange foncé (symboliquement pas tout à fait rouge). L'étude a montré que cette note ultra-simple était la plus efficace pour sensibiliser les consommateurs, en particulier le tiers ayant les revenus les plus faibles. Autrement dit la cible privilégiée de la campagne d'information.
Mais cette simplicité, depuis le départ, fait bondir les industriels qui voient dans ces notes, lorsqu'elles sont mauvaises, une stigmatisation trop arbitraire de leurs produits. Les tests ont aussi révélé une confusion possible, chez certains consommateurs, entre les notes A ou B sur fond vert et le logo de l'agriculture biologique.
Une légère avance
Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a rendu son arbitrage en faveur du Nutri-Score dès la mi-mars 2017, avant même que le comité de pilotage du projet se soit réuni. De fait, les rencontres organisées depuis n'ont pas été simples. Les résultats détaillés des tests ne concédant en réalité qu'une légère avance au Nutri-Score, le choix de la ministre a vite été remis en cause.
La fédération du commerce et de la distribution a plaidé en faveur de son propre système, reposant sur des fréquences de consommation recommandées.
L'association nationale des industries alimentaires, doutant de la légalité du Nutri-Score, a adressé "un ensemble de questions juridiques" au commissaire européen chargé de la santé, réclamant un système unique au niveau européen.
Un pool d'autres industriels, regroupant les multinationales Coca-Cola, Mars, Mondelez, Pepsico, Nestlé et Unilever, des PME ainsi que la fédération des produits de l'épicerie et de la nutrition spécialisée (dont les syndicats de la confiserie, du chocolat ou des apéritifs à croquer), s'est exprimé en faveur d'un étiquetage plus détaillé par nutriment et par portion, sans note synthétique.
Cacophonie
La groupe Danone s'est pour sa part opposé à toute notion de portion. D'autres, comme LDC, se sont ralliés au système préconisé par les distributeurs.
Bref, c'est peu de dire que début avril, il régnait encore une sacrée cacophonie sur la question de l'étiquetage nutritionnel… Alors même qu'il ne sera pas obligatoire, mais simplement optionnel !
Marisol Touraine avait donc des raisons d'être tout sourire, ce 27 avril, en accueillant les représentants d'Intermarché, d'Auchan, de Leclerc et de Fleury Michon venus signer un engagement formel à utiliser le Nutri-Score. Pour l'occasion, le ministre Stéphane Le Foll (agriculture), la secrétaire d’État Martine Pinville (commerce et consommation) ainsi que les associations de consommateurs CLCV et UFC Que Choisir avaient aussi fait le déplacement.
L'arrêté fixant le choix du Nutri-Score a été transmis en début de semaine à la Commission européenne pour examen. Sauf remise en cause, il pourrait être publié au journal officiel à la fin juillet.
Intermarché a dores et déjà annoncé que le Nutri-Score ferait son apparition sur ses produits d'ici la fin de l'année et sur son site e-commerce dès juin.
La charte présentée aujourd'hui précise explicitement que ses signataires s'engagent à mettre en place le Nutri-Score "sur l'ensemble des produits à leur marque". Une telle exhaustivité, selon nos informations, n'est pas encore acquise. Mais voilà néanmoins trois enseignes et un industriel qui se posent, de façon habile, à l'avant-garde d'un combat que le consommateur sait miné par les lobbies.