Interpellé par la lettre ouverte d'un sénateur breton, Serge Papin clame son ras-le-bol de voir la distribution jugée seule responsable de la crise des éleveurs. Il dénonce par exemple les propositions de… baisses des prix que lui soumettent les industriels laitiers.

"Ça suffit !" : dans son courrier du 6 juillet adressé aux dirigeants et aux acheteurs de la grande distribution, Michel Vaspart, sénateur Les Républicains des Côtes-d'Armor, se désolait de la détresse des éleveurs bretons.

Il accusait ceux qui voudraient ne "s'en remettre qu'aux pouvoirs publics", désirant placer "chaque groupe de distribution alimentaire, chaque dirigeant de grandes surfaces, chaque acheteur devant la glace, devant ses responsabilités, devant sa conscience".

Adversaire de la course aux prix bas, le sénateur réclamait aux enseignes "quelques centimes de plus", qui "ne changeront rien ni aux marges ni aux volumes de ventes". En jeu : le sauvetage (ou non) des productions agricoles et de l'industrie agroalimentaire, le sénateur classant les deux secteurs au même rang de victimes.

Un tel courrier a fait bondir, donc, Serge Papin. Le président des U y va, ce 9 juillet, de sa propre lettre ouverte.

"Ça suffit !", s'emporte aussi le distributeur, excédé notamment de voir les industriels "systématiquement exonérés de toute responsabilité".

Serge Papin en profite pour rapporter que des transformateurs laitiers viennent lui proposer des baisses de prix sur le lait. "Par solidarité avec le monde agricole, nous refusons", lance le dirigeant.

Système U s'est en effet engagé auprès de ses fournisseurs sur un tarif incluant une revalorisation du prix du lait payé aux éleveurs (à 34 centimes le litre). Or les cours actuels restent en deçà de ce niveau, et l'enseigne a déjà fait savoir qu'elle s'interrogeait sur ce différentiel qui devrait revenir aux éleveurs.

Dans son courrier, le président de Système U rappelle aussi ses autres engagements en faveur du monde agricole, les contractualisations avec plusieurs coopératives.

Il souligne que les associés U, en Bretagne et Pays de la Loire, sont fatigués des attaques, des saccages de leurs magasins, des menaces sur leur personnel, "sans que les forces de l'ordre interviennent, refusant même d'enregistrer les plaintes légitimes".

"Qu'avez-vous fait ?", conclut Serge Papin en s'adressant au sénateur, citant les seuls "acquiescements polis" que le distributeur obtenait quand il alertait les élus à propos de l'impact de la LME sur les filières agricoles, citant enfin les distorsions de concurrence en Europe que personne ne cherche à atténuer.