éco miam : l’amont court-circuite la grande distribution

Eco miam

Eco miam

Le timing ne pouvait être plus favorable. C’est en pleine polémique sur les marges de la grande distribution qu’a été présentée le jeudi 2 juillet la création d’éco miam, un réseau de commercialisation en circuit court de produits surgelés : poulet entier, steaks hachés, découpe de porc. Concrètement, éco miam s’appuie sur une flotte de camions réfrigérés itinérants qui s’installent sur des parkings en périphérie des villes. Un étalage très simple est disposé devant le camion et les colis sont déchargés au fur et à mesure par un système de toboggan. Une site internet a aussi été mis en ligne : www.ecomiam.com. Les consommateurs peuvent y retrouver les dates de passages dans leur ville et préparer leurs commandes.

180 villes fin 2010

Eco miam, c’est le bébé de Daniel Sauvaget, ex-patron de la branche volaille d’Unicopa et aujourd’hui Pdg et propriétaire de Tilly-Sabco, spécialiste des poulets entiers surgelés destinés au marché du grand export (Moyen-Orient notamment). « Je me suis inspiré des camions de vente directe d’outillage », explique Daniel Sauvaget. Ce fils d’agriculteurs avait déjà testé la vente directe en mai dernier. 30 000 poulets surgelés avaient été vendus sur le port de Brest en l’espace de cinq demi-journées.

Aujourd’hui, éco miam compte trois groupements de producteurs partenaires : les volailles des Monts d’Arrée, Prestor Cecab en porc et Cialyn, groupement de producteurs de charolais du Centre de la France. On peut d’ailleurs regretter que la sobriété des camions et de la signalétique et que le nom même « éco miam » ne fasse pas ressortir davantage cette notion de circuit court et de relation quasi-directe avec les producteurs.

L’abattage et la congélation sont assurés par Tilly-Sabco pour le poulet, par la Pme auvergnate Convivial (03) pour le bœuf et par le Breton Jean Floc’h pour le porc. A noter que si les deux premiers ne sont pas présents en grande distribution, Jean Floc’h prend le risque de subir des mesures de rétorsion de la part des enseignes, qui ne devraient pas voir d’un très bon œil cette nouvelle concurrence, même si elle reste encore à l’état embryonnaire.

Daniel Sauvaget nourrit de grosses ambitions pour éco miam. « Son déploiement se fera d’abord sur les villes de Bretagne et de Loire-Atlantique. D’ici à la fin 2010, 180 villes seront desservies dans toute la France », précise Daniel Sauvaget qui table sur un chiffre d’affaires prévisionnel de 1,8 M€ en 2009 et vise les 55 M€ d’ici à 2012. « L’objectif de marge nette est fixé à 1 % du chiffre d’affaires ».

2,24 €/kg le poulet PAC

Les poulets entiers vendus par éco miam

Les poulets entiers vendus par éco miam

En soi, le circuit court en alimentaire n’est pas une idée nouvelle. En témoigne la multiplication des magasins exploités par des producteurs ou les filières organisées producteurs-consommateurs type AMAP. En revanche, avec ce type d’initiatives, la vente directe passe du stade artisanal au stade industriel. Comme son nom l’indique, elle vise aussi à fournir des produits relativement basiques aux meilleurs prix. Une concurrence frontale, donc, pour la grande distribution et pour les freezers centers même si ce type de circuit reste marginal par les volumes traités. L’offre d’éco miam est aussi très restreinte et la logique de gros conditionnements s’adresse surtout à une clientèle familiale ayant de grandes capacités de stockage.

Malgré tout, nul doute que la démarche suscitera beaucoup d’intérêt : à la fois de la part d’autres groupements de producteurs mais aussi de la part des grandes surfaces qui verront les camions éco miam s’installer à proximité. « A Brest, une enseigne avait décidé en catastrophe de mettre en place une promo sur le poulet pour tenter de nous faire échouer. En vain, notre opération a été un grand succès », glisse Daniel Sauvaget. Une concurrence d’autant plus dérangeante pour la grande distribution qu’éco miam promet des prix bas en permanence et la transparence totale sur la répartition des marges entre les différents maillons de la chaîne. Exemple : en poulet, sur un prix de vente TTC de 26,90 € le colis de 12 kg (soit 2,24 €/kg seulement pour un poulet PAC dont la durée d’élevage est supérieure de 10 à 15 jours à celle des poulets premier prix), 54 % ira aux producteurs, 25 % à l’industriel et 16 % à éco miam. Daniel Sauvaget envisage d’étoffer l’offre avec des produits saisonniers (volailles festives, grillades) mais éco miam restera articulé autour d’un assortiment très restreint en volaille, porc et bœuf.

Un camion réfrigéré éco miam

Un camion éco miam

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