Casino termine mollement l'année en France
La publication des ventes de Casino pour le dernier trimestre 2016 confirme l'arrêt de la relance du distributeur en France : +0,2% en comparable. Les cessions de magasins à des franchisés et les réductions de surfaces en hypers dopent la rentabilité, mais plombent le chiffre d'affaires du groupe. Au global, les ventes de Casino reculent de 0,5% en France sur le quatrième trimestre 2016.
À magasins comparables, le CA des hypers Géant Casino progresse d'un petit 0,6%, porté par l'alimentaire (+2,6%). La surface totale de vente de l'enseigne a encore diminué sur la période, de 1,6%. Le distributeur continue de rationaliser ses mètres carrés en sabrant dans les catégories concurrencées par le e-commerce, produits blancs et bruns en tête. Les ventes globales des hypers reculent de 0,4% sur le trimestre.
L'année 2016 se sera donc révélée très contrastée pour l'enseigne : un premier semestre dynamique, un second à l'arrêt. Sur 12 mois, Géant doit se contenter d'une croissance de 0,2% (+1,6% à magasins comparables). Bien décevant eu égard aux investissements colossaux consentis dans les prix depuis trois ans...
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Outre la réduction des surfaces en hypers (qui profite au développement des galeries, plus rentables), Casino aura massivement eu recours, en 2016, au transfert de magasins à des franchisés. Les deals portent généralement sur de grosses transactions avec des master-franchisés, qui acceptent dans le lot de reprendre des sites en difficulté : autant de foyers de pertes qui disparaissent des comptes de Casino. Les points de vente irrécupérables, eux, sont purement et simplement fermés.
Fin 2014, un quart du parc Leader Price était exploité en franchise. C'était un tiers fin 2015. Aujourd'hui, un Leader Price sur deux est aux mains d'un franchisé. En un an, l'enseigne compte 120 unités franchisées supplémentaires (dans le même temps, 45 magasins ont baissé le rideau).
Conséquence : tandis que les ventes sous enseigne de Leader Price (indépendants inclus) progressent de 1,1% au dernier trimestre, le chiffre d'affaires encaissé par Casino, lui, recule de 2,6%. En comparable, les Leader Price intégrés sont à +0,1%.
Dans des proportions moindres mais toujours notables, le distributeur a également développé son parc de franchisés chez Franprix et au sein de ses supermarchés Casino.
Le parc des Franprix franchisés est passé de 40 à 46% du réseau en un an. 50 magasins ont été transférés, 30 ont été fermés définitivement. Le chiffre d'affaires sous enseigne recule de 3,0% au dernier trimestre, celui enregistré par Casino chute de 5,1%. À magasins (intégrés) comparables, la baisse est encore de 1,7%.
Les supermarchés Casino, eux, comptent 23 sites franchisés supplémentaires à fin 2016 : la part des indépendants est passée de 15 à 20% du parc. Mais les ventes de l'enseigne, cette fois, sont bien orientées : +5,4% sous enseigne au dernier trimestre, +4,1% pour les intégrés (+3,2% en comparable). Un relâchement certain des prix dans le réseau, en particulier sur les MDD (voir les indices de Linéaires à paraître dans notre numéro de février), explique pour partie la hausse du panier moyen enregistrée par les supers. Mais le trafic client, également, est en progression.
La stratégie du groupe, évidemment, est différente s'agissant de Monoprix, son enseigne la plus rentable. Là, pas question de transférer des magasins à des franchisés (leur part est même tombée de 34 à 32% du réseau). Alors que les ventes sous enseigne progressent de 2,2% au dernier trimestre, celles des Monoprix intégrés sont à +2,4%, essentiellement grâce au développement du parc : 14 magasins ouverts en trois mois, 60 en un an (y compris les concepts spécialisés). En comparable, les Monoprix intégrés sont à +0,4%.
"Croissance rentable"
Il y a un an, Casino avait promis pour ses activités en France "une croissance rentable" en 2016. Pour la croissance, c'est raté : l'année s'est terminée à +0,3% de CA. Mais les réductions de surface des hypers et, surtout, les transferts aux franchisés ainsi que les fermetures auront permis au distributeur de redresser les comptes, sans contestation possible.
Casino avait dégagé 337 millions d'euros de résultat opérationnel courant en France en 2015. Pour 2016, le distributeur confirme que son résultat, comme promis, dépassera les 500 millions. Si l'on y ajoute les bonnes performances de l'international (voir ci-dessous), le cocktail est suffisant pour séduire la Bourse, qui accueille la publication des trimestriels de Casino avec une hausse de près de 4% du titre.
Le chiffre d'affaires de Casino en France
(1) y compris Vindémia et restauration Source : Casino |
Désendettement et retour à la croissance à l'international
En 2016, Casino a cédé ses activités en Asie et engagé la vente de sa branche non alimentaire au Brésil. Autant de secteurs qui ont disparu des comptes du distributeur, focalisés sur les "activités poursuivies". Ces cessions monstres, consenties afin de désendetter le groupe (et rassurer la Bourse), représentent un quart du chiffre d'affaires réalisé en 2015.
Heureusement, les activités internationales de Casino, désormais recentrées sur l'alimentaire en Amérique du Sud, repartent à la hausse. À magasins comparables, le chiffre d'affaires du dernier trimestre est à +7,5%. Il grimpe à +12,3% si l'on intègre la croissance du parc et même à +22,5%, au final, grâce à des effets de changes favorables.
Sur l'ensemble de l'année 2016, les ventes de Casino en Amérique latine progressent de 3,6% (+6,6% en comparable).
Le groupe Casino, "activités poursuivies"
T4 2016 | Evol. | Année 2016 | Evol. | |
France retail | 4 915 M€ | - 0,5 % | 18 939 M€ | + 0,3% |
Amérique latine retail | 4 539 M€ | + 22,5 % | 15 247 M€ | + 3,6 % |
E-commerce | 584 M€ | + 5,9 % | 1 843 M€ | + 7,9 % |
Total groupe | 10 039 M€ | + 9,1 % | 36 030 M€ | + 2,0 % |
En intégrant les ventes non alimentaires au Brésil réalisées avant le démarrage du processus de cession (non comptées dans les "activités poursuivies"), Casino a réalisé en réalité 40,1 milliards d'euros de CA en 2016. Soit une baisse de 13% par rapport au CA réel de 2015 (46,1 milliards d'euros, Asie incluse).