Casino et Galeries Lafayette se fâchent pour Monoprix
Casino et les Galeries Lafayette sont bien d'accord pour que le premier rachète les parts du second dans Monoprix. Mais ils ne sont pas d'accord sur le prix. Vraiment pas.
Dans un communiqué diffusé hier soir, Casino a rendu public le conflit qui l'oppose aux Galeries Lafayette, sur le prix auquel le premier pourrait racheter les parts du second dans Monoprix.
Quand Casino a annoncé, le 10 février, son intention de céder une partie du capital de sa foncière Mercialys, on se doutait bien que l'argent ainsi récupéré allait servir à financer une autre opération. Tout le monde a pensé à Monoprix : avec raison, donc.
L'accord qui unit Casino et les Galeries Lafayette, chacun propriétaire de 50 % de Monoprix, prévoit que depuis le 1er janvier 2012, Casino peut racheter à son partenaire ses parts dans Monoprix.
Pour être précis, Casino dispose d'une option d'achat sur 10 % du capital de Monoprix, qu'il peut exercer jusqu'en 2028. Et le groupe Galeries Lafayette possède une option de vente sur ses 50 % de Monoprix.
Le 7 décembre dernier, Galeries Lafayette a fait savoir à Casino qu'en vue d'un éventuel exercice de son option de vente, il lançait un processus d'évaluation du prix de ses parts dans Monoprix.
Chaque partenaire a mandaté une banque pour mener à bien cette évaluation. Sans surprise, le vendeur et l'acheteur ne sont pas arrivés au même chiffre. Mais l'écart est tout de même conséquent.
Dans le détail des négociations communiqué par Casino, on apprend que Galeries Lafayette a d'abord fixé la valeur de ses parts à 1,95 milliard d'euros. Casino, en face, les évalue à 700 M€ ! Galeries Lafayette a ensuite fait une offre à 1,35 Md €, que Casino a rejetée.
Faute d'accord sur le prix, le protocole de partenariat entre les deux distributeurs prévoit le recours à un troisième expert pour mener une nouvelle évaluation. Mais les deux parties ne s'entendant pas non plus sur les projections financières servant de base à l'évaluation, la troisième banque pressentie a préféré jeter l'éponge…
Tribunal de commerce
Devant le refus de Casino d'accepter ses projections financières, Galeries Lafayette, toujours selon le Stéphanois, a décidé d'assigner son "partenaire" devant le tribunal de commerce de Paris.
Ce jeu de négociation (car c'est bien de cela qu'il s'agit) aurait pu continuer à rester discret, mais un nouvel événement a décidé Casino à porter l'affaire sur la place publique.
Le conseil d'administration de Monoprix qui s'est tenu hier devait désigner son nouveau président pour trois ans, à compter du 31 mars prochain. Casino, qui fait valoir son droit à occuper ce poste en vertu d'un engagement contractuel, reproche à Galeries Lafayette d'avoir au contraire choisi de proroger le mandat de Philippe Houzé (le président du directoire des Galeries Lafayette).
Dénonçant une "prise en otage" de Monoprix, Casino annonce son intention de saisir les juridictions compétentes de cette affaire.