Carrefour, la marge en avant
Lors de la présentation des résultats semestriels de Carrefour jeudi 29 août 2013, l'Etat-Major du distributeur a surtout mis l'accent sur l'amélioration du résultat opérationnel courant (+ 7,7 % au global et surtout + 75 % en France). Si le chiffre d’affaires reste mal orienté dans l’Hexagone (- 0,3 %), le groupe paraît toutefois remis sur de bons rails.
Georges Plassat a ainsi dressé le portrait d'un distributeur malade sur la voie de la guérison. « Carrefour emprunte la route de la sérénité. On travaille sur le long terme », a répété le dirigeant. S'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, l'état de santé général semble effectivement s'améliorer.
Progrès opérationnels
Premier élément positif dans l'Hexagone : le groupe voit sa marge commerciale se redresser, tout comme le résultat opérationnel courant, qui connaît une croissance spectaculaire (+ 75 %). Une amélioration que le groupe explique par un meilleur équilibre entre prix bas permanent, fidélité et promotion. Ne comptez sur Georges Plassat pour donner des détails, le dirigeant reste fidèle à son principe de distiller au compte-goutte les précisions chiffrées.
Le patron multiplie en revanche les exemples de progrès opérationnels permettant d'une part de reconstruire le distributeur, d'autre part d'améliorer le résultat opérationnel courant.
En magasin, la décentralisation amorcée il y a dix-huit mois donne plus de capacité d'initiative dans les magasins (assortiments, prix, ajustement des besoins en produits frais) et le taux de démarque inconnue (encore "terrifiant" selon Plassat) décroît.
En back-office, logistique, système d'information et achats sont désormais regroupés dans une même branche. La politique d'achat y a gagné : la stratégie logistique du cross-docking, qui vise notamment à réduire les frais de stockage, a été assouplie pour permettre des achats stratégiques sur du volume.
Situation financière assainie
La hausse spectaculaire du résultat opérationnel courant dans l’Hexagone n'a toutefois pas manqué de lever des interrogations sur un éventuel relâchement de Carrefour sur les prix.
"On ne fait pas de résultat au détriment de la compétitivité, s'est empressé de préciser le PDG de Carrefour. Nous ne sommes pas prêts à laisser du terrain sur les prix. Donc il faut se donner les moyens de financer cette politique."
Justement, un autre motif de satisfaction pour Carrefour est sa situation financière assainie. L'endettement a encore été réduit significativement : il est passé de 9,6 milliards d'euros à 5,9 milliards d'euros en un an. Ce grâce à la finalisation de la cession en Indonésie (au 31 janvier) et à la révision des partenariats avec Sabanci en Turquie et Majid al Futtaim (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Asie Centrale).
Le groupe a réduit ses frais financiers et dispose de liquidités : 4,15 milliards d'euros de crédit non-utilisé. "Nous avons reconstitué notre puissance de feu", se félicite Georges Plassat. Ça tombe bien, le groupe en aura bien besoin, notamment en France, dans un contexte concurrentiel exacerbé.
Hausse des investissements en France
Les investissements en France ont déjà progressé de 50 % au premier semestre 2013 par rapport à la même période en 2012 (à hauteur de 353 M€), essentiellement pour du remodeling de magasins. Le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi) a notamment été intégralement réinvesti dans les points de vente.
Plassat entend continuer à booster les magasins, que ce soit en poursuivant les rénovations ou en remettant davantage de services sur les produits frais traditionnels. Des intentions que les hommes de terrain apprécieront.
International
L’Amérique Latine toujours dynamique, l’Italie en grosse difficulté
Le chiffre d’affaires de Carrefour au niveau mondial atteint 36,5 milliards d’euros au premier semestre (+ 1,4 % à taux de change constants). La France (46 % du CA groupe) est donc quasi-stable (- 0,3 %) tandis que la croissance vient d’Amérique Latine (+ 13,3 %) et d’Asie (+ 2,7 %). La zone Europe (hors France) est orientée à la baisse (- 4,6 %), en raison des difficultés en Italie et Espagne.
Quant au résultat opérationnel courant (+ 7,7 % à taux de change constants), il est tiré par la France (+ 75 %). A l’inverse, le reste de l’Europe vacille (- 76 %), plombée par une situation qui se dégrade en Italie. « En Italie, le chiffre d’affaires plonge depuis août 2012 avec une brutalité que nous n’avions pas anticipée, décode Georges Plassat. Mais je suis convaincu que les résultats vont s’améliorer l’an prochain ». Une nouvelle équipe a été mise en place depuis avril 2013 dans la Botte.
En Amérique Latine, le résultat opérationnel courant progresse de 3,1 %, limité par le gel des prix réglementaires et la hausse des salaires en Argentine. En Asie, le ROC chute de 13,4 %, impacté notamment par l’inflation salariale et le coût de l’expansion en Chine.