Bompard chez Carrefour : c'est plié, ou presque
Officiellement, rien n'est décidé. Officieusement, les actionnaires de Carrefour en sont à négocier les derniers détails de l'arrivée d'Alexandre Bompard à la tête du groupe de distribution. La succession de Georges Plassat est donc en passe d'être réglée.
Alexandre Bompard, jeune PDG (44 ans) du groupe Fnac-Darty, est auréolé d'un rachat spectaculaire (Darty), d'un cours de Bourse qui a triplé sous son mandat (celui de la Fnac) et d'une expertise éprouvée en matière de "phygital" (combinaison des magasins physiques et du commerce digital). Des faits d'armes qui ont su séduire les grands actionnaires de Carrefour, qu'Alexandre Bompard a tous déjà rencontrés.
Cette semaine, les négociations autour de sa future prise de fonction sont entrées dans leur dernière ligne droite. Il devait passer devant le comité des nominations du conseil d'administration lundi 29 mai, rapportait ce week-end le Journal du Dimanche. Un autre rendez-vous est programmé en fin de semaine avec les administrateurs pour évoquer le projet, les moyens et son échéance, enchaîne aujourd'hui Le Monde.
Une arrivée déjà attendue pour septembre
L'annonce de la succession de Georges Plassat serait même déjà programmée pour le 15 juin, lors de l'assemblée générale du groupe, et l'arrivée du nouveau patron attendue pour septembre ou octobre.
C'est sur les questions de rémunération, apparemment, que les négociations seraient les plus tendues. Mais pas au point, sauf coup de théâtre, de faire capoter la nomination. Le sujet n'est pourtant pas anodin. Les émoluments d'Alexandre Bompard, à la Fnac, comportaient de généreux bonus en actions. Et puisque le cours de Bourse a triplé sous son mandat, les sommes en jeu sont devenues faramineuses.
Le PDG aura au final touché l'équivalent de 11,5 millions d'euros en 2015 et 13,9 millions d'euros en 2016. Soit bien davantage que les 4,5 millions d'euros perçus en moyenne l'an dernier par les patrons du CAC 40 (dont la Fnac ne fait même pas partie).
Le poste à prendre chez Carrefour, cela dit, n'est pas chichement doté lui non plus. Selon un palmarès dressé par la société Stacian, Georges Plassat était l'an dernier le dirigeant le mieux payé du CAC 40, avec une rémunération globale frôlant les 10 millions d'euros.
Une pétition hostile fermée
Les actionnaires de Carrefour espèrent qu'Alexandre Bompard continuera sur sa lancée de champion du redressement des cours de Bourse. Certains salariés craignent plutôt de voir débarquer un PDG trop gourmand, à l'appétit d'autant plus malvenu qu'une grande part de ses bonus à la Fnac étaient alimentés par un plan de redressement et des suppressions de postes.
Une pétition a même été lancée en ligne par une déléguée du personnel chez Carrefour. Intitulée "Nous refusons que Carrefour soit dirigé par Alexandre Bompard", elle dressait un portrait au vitriol de l'actuel PDG de Fnac-Darty : proche de Macron, ancien conseiller de Fillon, ami des milieux financiers, responsable de la fermeture de nombreux magasins et de centaines de licenciements…
Alors qu'elle avait recueilli plusieurs milliers de signatures, la pétition en ligne a brusquement été fermée la semaine dernière.
Vidéo : Alexandre Bompard et Michel-Edouard Leclerc sur le plateau de BFM en novembre 2016