Au Marché Vrac : l'épicerie sociale

12 juillet 2005 - Bertrand Gobin

Avis aux maires des cités délaissées et autres banlieues sinistrées. Lidl vous a snobé ? Aldi a préféré fermer ? Penny a trouvé le site trop enclavé et Netto n’a pas daigné renvoyer son dossier ? Ne vous découragez pas, il vous reste encore une solution. Appelez au siège d’Auchan, à Croix, et demandez à parler à Pascal Delval. Depuis trois ans, l’ancien directeur de la centrale internationale du groupe fait dans le commerce social. C’est en effet lui qui pilote le développement de l’enseigne Au Marché Vrac, un concept de magasin hard-discount très bas de gamme (sic) imaginé par Gérard Mulliez lui-même, et qui a vocation à s’implanter au cœur des quartiers les plus défavorisés, voire à proximité des cités universitaires.

« Pour les gens qui ont vraiment très peu de moyens »

« L’idée est d’apporter une solution aux gens qui n’ont pas de voitures et qui, en bas de leurs tours, apprécient de trouver une boutique où ils peuvent acheter les produits de base, au prix le plus bas, dans la quantité qui leur convient, et sans avoir à payer de coûteux emballages », commente un élu, tout heureux d’avoir enfin pu trouver une enseigne qui acceptait d’ouvrir dans ce recoin de Zup. A ce jour, sept magasins sont ouverts : deux à Lille (quartiers Wazemmes et Fives), deux à Tourcoing, un à Roubaix, un à Loos et un à Lens.
« Au Marché Vrac est la solution la plus adaptée que nous pouvons proposer aux consommateurs qui ont vraiment très peu de moyens », explique l’un des cadres du groupe. L’assortiment comprend environ 500 références alimentaires dont un peu plus de 200 sont vendues en vrac (riz, pâtes, café, céréales, graines, etc.) ou en « pick & mix », sous emballages individuels (biscuits notamment).
Il y a un an, Gérard Mulliez laissait entendre que le groupe réfléchissait à développer le concept via la franchise. « Cela peut permettre à des commerçants d’ouvrir une boutique avec une toute petite mise de fonds », expliquait alors le patron d’Auchan. Reste qu’aujourd’hui, les sept points de vente ouverts sont tous intégrés. Au plan juridique, Au Marché Vrac est exploité par la société Esar. Filiale d’Auchan à 100 %, celle-ci disposait à sa création de 50 000 euros de capital social. Trois personnes travaillent au siège.

Subventions et exonérations de charges

Le chiffre d’affaires d’un magasins est de l’ordre d’un million d’euros. La difficulté d’encadrer le taux de démarque constitue un vrai challenge avec les produits vendus en vrac. Le modèle économique d’Au Marché Vrac inclut cependant des loyers modestes et de faibles charges de personnel. En outre, ponctuellement, les implantations peuvent recevoir des fonds du Fisac, destinés à relancer le commerce dans les zones dites de redynamisation urbaine. Il semble que certains dossiers aient également pu ouvrir droit à quelques exonérations de charges fiscales et sociales. Il n’empêche, le concept tient autant des bonnes œuvres que de la start-up.
Les modules Self-Discount qu’Auchan est en train d’implanter dans la totalité de ses hypermarchés découlent directement de l’expérience acquise avec Au Marché Vrac. A l’origine, en effet, dès 2003, le groupe a testé le concept simultanément à l’intérieur de ses hypers et de manière autonome. Et manifestement, ce n’est pas parce que la version hyper a été validée qu’Auchan a renoncé à développer un réseau de magasins dédié. Mieux, Au Marché Vrac dispose maintenant de sa propre logistique et a même son petit entrepôt. Pour l’heure, deux salariés suffisent à le faire fonctionner.

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