Affaire Casino-Baud : Naouri remporte une manche décisive
Dans le feuilleton judiciaire opposant le groupe Casino à Jean Baud et les siens, le distributeur stéphanois vient de remporter une manche décisive. Rappelons que les deux parties sont en conflit depuis l’éviction en mars 2007 de Jean Baud de la direction opérationnelle de Franprix-Leader Price. Les Baud sont actionnaires de Franprix à hauteur de 5 % et de Leader Price à hauteur de 25 %. Saisi en 2007 par Casino, un Tribunal arbitral a rendu un verdict favorable au distributeur. Cette instance devait se prononcer sur la légitimité de l’éviction des Baud. Dans un communiqué, Casino indique que « le Tribunal Arbitral a jugé que la révocation des membres de la famille Baud est intervenue pour de justes motifs et reconnaît le bien-fondé de la reprise opérationnelle de Franprix et Leader Price par Casino. » La sentence étant définitive, les Baud n’auront pas la faculté d’interjeter appel.
Des participations estimées à 420 M€
Du verdict devait découler l’évaluation du montant du rachat des participations minoritaires des Baud. Ces derniers accusent en effet Jean-Charles Naouri, Pdg de Casino, de vouloir minorer la valeur de leurs participations. Conformément à la convention qui liait les parties, Casino souligne que c’est le multiple de 14 fois la moyenne des résultats 2006 et 2007 de Franprix et de Leader Price qui s’applique pour le calcul de la valeur de ces participations. Casino ajoute que « le Tribunal déboute la famille Baud de toutes ses demandes, notamment l’application du multiple de 16 et ses diverses demandes de dommages et intérêts. »
Comme prévu par la convention, le prix définitif de la participation de la famille Baud sera calculé par un expert indépendant (Price Waterhouse). Casino estime qu’il sera proche des 420 millions d’euros déjà inscrits en dette financière dans les comptes du groupe au 31 décembre 2008. La famille Baud réclamerait, elle, 475 M€.
Quelques heures après la réaction de Casino, les Baud ont à leur tour publié un communiqué de presse. Sur le fond, ils ne contestent pas la décision du Tribunal arbitral. La famille Baud souligne toutefois que le Tribunal arbitral a considéré que " le grief de malhonnêteté imputé aux consorts Baud ne saurait être retenu." De même, les Baud notent que le Tribunal arbitral ne base pas sa décision favorable à Casino sur une faute lourde ou grave à la charge de la famille Baud mais sur des "absences de concordance de vue sur les stratégies et méthodes de gestion entre le directoire et l'actionnaire principal". Pour peu qu'il en ait jamais eu l'intention, le groupe Casino n'aurait donc plus la possibilité d'empêcher les Baud d'exercer leur option de revente de leur participation à Casino. Enfin, les Baud ont précisé qu'outre le règlement de ces participations, qui doit être déterminé par l'expert, la question du versement de dividendes non perçus, estimés à plus de 70 millions d'euros, restait en suspens.