Abaco 3 : l’outil maison des Leclerc pour piloter les prix

5 juillet 2006 - Florent Vacheret

Quel est le point commun entre la Socamil, la Scarmor et la Scapest ? Ces trois SCA (110 magasins) ont toujours été fait partie des bons élèves au sein du mouvement Leclerc. En l’occurrence, ce sont également les trois régions qui ont acheté et déployé Abaco 3, l’outil de gestion commerciale développé par Infomil, la filiale informatique de Leclerc. Les fonctionnalités d’Abaco 3 couvrent la quasi-totalité des besoins d’un magasin : suivi des ventes, des fournisseurs, de la traçabilité des fabrications maison, gestion des commandes, des catalogues locaux, des étiquettes, des stocks, etc. Sans oublier les prix, évidemment. Bref, un outil complet, adapté aux besoins spécifiques d’un hyper indépendant, comme le sont les Leclerc.
C’est justement dans cet esprit d’autonomie de l’utilisateur qu’a été conçu le module de gestion des prix et des marges. Un sujet ô combien stratégique pour l’enseigne ! Pour preuve, avant même le 1er janvier 2006, Abaco 3 était capable de gérer la nouvelle donne Dutreil. « Sous l’ère Galland, les chefs de rayon n’avaient aucune visibilité sur les marges arrière. On vendait les marques à zéro et c’est tout, explique Jean-Claude Cazalbou, le directeur général d’Infomil. Notre outil fait désormais apparaître la marge en trois fois net à la ligne de produit, ce qui permet de « réapprendre » à gérer une marge globale, ce que les plus jeunes n’ont jamais connu. C’est un changement de culture. »
Disposer du « trois fois net » sous-entend que la totalité des accords commerciaux (au plan national, régional et local) soient rentrés dans la base de données, au code EAN. L’utilisateur qui possède les droits d’accès peut ainsi consulter le détail de la construction de la marge arrière (CPV, coopération commerciale, etc.) consentie par le fournisseur. Mais le magasin peut aussi visualiser et piloter sa marge sur prix d’achat facturé et sa marge sur SRP.

Trois clics pour une simulation

Dans la pratique, un même tableau synthétise, pour chaque code EAN, son prix de vente, son SRP, la (ou les) marge(s) choisie(s), l’indice Opus de la référence, les prix de chaque concurrent, etc. Tout l’intérêt d’un outil comme Abaco 3 réside dans sa capacité de simulation des prix (et des marges qui en découlent) en fonction d’une politique paramétrée par l’utilisateur. Concrètement, le magasin peut visualiser en temps réel ce que lui coûtera ou lui rapportera de prendre plusieurs décisions successives. Par exemple, « je veux positionner mes produits frais à tel indice prix par rapport à mon concurrent le plus agressif », « je veux m’aligner jusqu’au SRP, voire en dessous du SRP avec telle limite, sur les produits majeurs de l’OPUS », « je veux au minimum x % de marge 3 fois net sur tel rayon», etc. Le tout constitue un catalogue ou les actions sont enregistrées pour pouvoir être répétées à l’envi. Dans l’absolu, l’utilisateur peut ainsi piloter en priorité un gain de marge, un gain d’indice ou un écart facial face aux concurrents.

Avoir un outil réactif est indispensable

Utilisateur convaincu, Eric Rebour, directeur adjoint du Leclerc de Roques (14 000 m2, au sud de Toulouse), détaille son usage du simulateur. « Une fois arrêté le choix des actions, la machine « mouline » de nouveaux prix de vente et calcule la marge qui en découle. On vérifie que ce résultat est compatible avec nos impératifs de rentabilité. Et, le cas échéant, on relance une nouvelle simulation, avant son application réelle. » Cerise sur le gâteau, le logiciel est capable de calculer la charge de travail par employé que va représenter le changement des étiquettes. Et permet à l’utilisateur de l’étaler sur plusieurs jours afin que les prix ne soient pas changés dans le système avant de l’être dans le rayon… La contrainte est évidemment levée avec les étiquettes électroniques, dont Roques est équipé sur tout l’alimentaire. « Avoir un outil très réactif est devenu indispensable aujourd’hui. Les relevés de prix avaient perdu de leur importance sous la loi Galland, ils la retrouvent aujourd’hui », assure Eric Rebour. En plus des vagues intermédiaires mensuelles de l’Opus, l’hyper toulousain inspecte les prix de ses concurrents une à deux fois par semaine et les « remonte » instantanément dans le système…

Infomil, le bras informatique de Leclerc

Infomil est une filiale de la Socamil (les Leclerc de la région de Toulouse) et du Galec. La société a été créée en 1993, faute de trouver un prestataire informatique capable de fournir un système de caisses apte à gérer les futurs carte de fidélité et Ticket Leclerc, alors au stade de test local. L’entreprise n’a fait que grandir depuis. Elle emploie 160 personnes, dont 60 pour le développement, et réalise 30 M€ de CA.
Le logiciel d’encaissement et de fidélisation, Evolutel, équipe 480 magasins Leclerc, soit la quasi-totalité du parc. En parallèle, Infomil a développé Abaco, outil de gestion commerciale des magasins, plus modestement diffusé dans le réseau pour l’heure (120 magasins en tout). Car bien que filiale de Leclerc, Infomil reste systématiquement mise en compétition avec des prestataires extérieurs. « Notre marché potentiel se limite à Leclerc, mais nous n’avons aucun monopole », résume Jean-Claude Cazalbou. A titre d’illustration, un équipement avec Abaco 3 est facturé environ 15 000 euros au magasin. Le coût d’Evolutel est lui de l’ordre de 3 000 euros par caisse (matériel compris).

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