2016, année de la refondation pour Auchan
La nouvelle direction du groupe Auchan veut faire de 2016 une année charnière, préparant la relance du distributeur.
En France, le premier semestre est marqué par une stabilisation des ventes. Au second semestre, les concepts d'hypers et de supers sont appelés à évoluer, avec davantage de convergence entre les deux enseignes.
En présentant les résultats du groupe pour le premier semestre 2016, Wilhelm Hubner, le président du directoire d'Auchan Holding, n'a eu de cesse de parler de "refondation".
"L'année 2016 est consacrée à l'appropriation par les équipes de la nouvelle gouvernance, de la nouvelle façon de travailler, avec un esprit conquérant", a résumé le dirigeant, qui a pris ses fonctions fin 2015.
Les résultats financiers
Le chiffre d'affaires d'Auchan Holding (autrement dit l'ensemble du groupe) recule de 3,0% sur le semestre. Mais l'impact des taux de changes défavorables est estimé, à lui seul, à -3,8%. À changes constants, l'évolution des ventes ressort donc à +0,8%.
L'entité Auchan Retail (97% de l'activité du groupe) progresse de 0,7% à changes constants. Mais à magasins comparables, le CA cède 0,7%.
En France, le distributeur se réjouit d'avoir pu stabiliser son activité dès le premier semestre : +0,1% à magasins comparables.
"C'est une réelle inversion de tendance, qui arrive un peu plus tôt que prévu, a souligné Wilhelm Hubner. Depuis trois ans et demi, les hypermarchés français perdaient des parts de marché."
Sur le premier semestre, selon Kantar Worldpanel, le groupe Auchan a encore perdu un petit 0,1 point de part de marché dans l'Hexagone.
La marge commerciale du groupe, elle, continue de progresser : 22,6% du CA au premier semestre 2014, 23,1% au S1 2015 et 23,2% au S1 2016.
Le résultat d'exploitation, pourtant, se dégrade fortement, à seulement 0,9% du chiffre d'affaires (-0,3 point). L'explication tient en partie à l'évolution des impôts en France (voir plus bas).
En incluant les bonnes performances de la Chine sur la période (2,7% de résultat net, soit l'équivalent de 196 millions d'euros en valeur absolue), les activités du groupe ne dégagent au final que 117 millions d'euros de résultat net.
Sans la Chine, autrement dit, les pertes nettes d'Auchan se chiffreraient à 79 millions d'euros sur le semestre. Ce n'est pas un hasard si le pays concentre la majorité des investissements du groupe, devant la France (11 hypermarchés y ont encore été ouverts sur les six premiers mois de l'année).
Les annonces à venir
"D'ici quelques semaines, Auchan Retail, Immochan et Oney Bank auront revu leur projet d'entreprise à long terme", a glissé Wilhelm Hubner en marge de la présentation des résultats semestriels.
En France, l'hypermarché Auchan d'Englos (59) fait figure de pilote pour l'enseigne et son chantier de transformation est évidemment suivi de près (voir dans Linéaires de juillet-août le nouveau pôle sushis-traiteur du magasin et sur le blog d'Olivier Dauvers pour un premier aperçu plus global).
Tout juste terminée, la transformation d'Englos servira de marqueur à la "refondation" des hypers voulue par la nouvelle équipe dirigeante. L'un des leviers clés de la stratégie : une puissance affirmée sur le frais trad, portée par une professionnalisation renforcée des équipes et marquée notamment par la montée en force du fait maison.
De même, la participation des supermarchés français à l'opération anniversaire d'Auchan (avec quelques mécaniques communes hypers-supers) est un signe avant-coureur d'une convergence plus globale, à venir, entre Simply Market et Auchan.
Faute de pouvoir passer ses supers sous la bannière Super U, le distributeur ne fait pas mystère de ses réflexions en cours. Interrogé par Linéaires, Wilhelm Hubner promet déjà une convergence accrue entre hypers et supers sur le sujet des promos. S'agissant des enseignes ou des concepts, le dirigeant reconnaît qu'un "travail sur la marque" est en cours. "Ça émergera dans quelques semaines, lâche-t-il, avec une approche différente pays par pays."
Source : Auchan. Premier semestre 2016, évolutions par rapport au premier semestre 2015. À magasins comparables s'entend hors essence et hors effets de changes. Les ratios de résultats sont rapportés au chiffre d'affaires.
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Auchan et le yo-yo des impôts
Jamais le dernier pour critiquer le montant des impôts, en particulier en France, Auchan ne se prive pas de souligner la hausse de la Tascom (taxe française sur les surfaces commerciales) qu'il a dû faire passer dans ses comptes.
Un an et demi de charge, soit 69 millions d'euros, visiblement exigibles au 1 janvier dernier, sont venus pénaliser le résultat d'exploitation du groupe.
Mais, dans le même temps, Auchan a aussi obtenu en justice le remboursement de 41 millions d'euros d'impôts trop perçus, entre 2010 et 2014, sur les dividendes versés par ses filiales en Europe.