« Entrer dans la démarche Great Place to Work est un changement culturel important »
Deux ans après son arrivée en grande distribution alimentaire, le label du bien-être au travail Great place to Work a conquis 20 magasins en France. Jullien Brézun, directeur général France de cette société de certifications, fait le point sur son développement en GMS.
Linéaires : Votre label existe en France depuis 2002 et pourtant l’intérêt de la distribution pour celui-ci est récent. Quelle part représentent les grandes surfaces alimentaires dans les entreprises auditées ?
Jullien Brézun : L’intérêt de la grande distribution alimentaire ne date que de deux ans en effet. On note en revanche un démarrage assez fort, même si le secteur reste encore sous représenté. Sur 450 entreprises auditées par an en France à peine une soixantaine seulement sont des GMS. Nous avons déjà labellisé 20 magasins (voir liste en bas), principalement chez Système U mais aussi chez Leclerc. Il y a un phénomène de grappe. Quand un magasin fait appel à nous dans une région, il y a un effet boule de neige.
Qu’est-ce qui explique ce retard d’après vous ?
Beaucoup de magasins s’interrogent. Entrer dans la démarche Great Place to Work est un changement culturel important. La grande distribution utilise un système managérial complexe, pyramidal, différent des sociétés de la technologie par exemple. Pour cette raison, le taux d’entreprises en distribution alimentaire qui obtiennent la labélisation est plus faible que la moyenne France.
C’est-à-dire ?
Sur 60 magasins audités, vingt, soit un tiers, sont labellisés. Contre un ratio plus proche de la moitié pour la moyenne puisque nous labellisons environ 200 entreprises par an.
Pouvez-vous nous rappeler quels sont les critères pour obtenir le label Great place to work ?
Il est admis en France, et tous secteurs d’activité confondus, qu’un tiers des collaborateurs estiment qu’ils travaillent dans une organisation de qualité. Notre label est attribué à partir du moment où ce sentiment est partagé par les deux tiers des salariés de l’entreprise auditée. Pour cela, nous interrogeons l’ensemble des salariés. Nous publions également chaque année le palmarès des entreprises qui obtiennent le meilleur score. Aucune entreprise de la grande distribution alimentaire n’a encore reçu ce prix. Peut-être qu’il y aura du changement en 2023 ! La réponse en avril.
Connaissez-vous les motivations qui incitent les entreprises à faire appel à vos services ?
Trois grandes raisons poussent les distributeurs à frapper à notre porte. Tout d’abord, le besoin de se valoriser, de soigner son image en recevant la labellisation. La seconde raison vise plutôt à chercher un modèle de comparaison, sans nécessairement être labélisé. Enfin, il y a la nécessité pour ces entreprises de mieux s’analyser en intégrant dans notre audit des données plus ou moins fines telles que le chiffre d’affaires, l’absentéisme, le NPS client, etc. Elles peuvent ainsi établir des liens de cause à effet et mettre en place des éléments correctifs.
En 2022 vous avez lancé un nouveau label, qui s’appuie une nouvelle fois sur l’avis des collaborateurs, Humacap. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Humacap est un label qui permet d’évaluer la perception de la sincérité de l’engagement RSE des entreprises par leurs salariés. Les collaborateurs sont clés dans l’application d’une stratégie de développement durable. Ce label permet de les impliquer davantage. Aucun distributeur alimentaire n’a encore manifesté d’intérêt à ce sujet.